« n°158 : Qualité incommode.
Trouver toutes les choses profondes – c’est une qualité incommode : elle fait que l’on surmène constamment ses yeux et que l’on finit par trouver plus que ce que l’on a souhaité. » (Troisième livre)
Cache ta joie …
« n°189 : Le penseur.
C’est un penseur : cela signifie qu’il est expert dans l’art de considérer les choses comme plus simples qu’elles ne sont. » (Troisième livre)
Ironique ou pas ? De fait je constate pour ma part que m’aident à penser ceux qui, parce qu’ils font faire un pas de côté, ouvrent le champ nécessaire, les perspectives pour discerner les grandes lignes, les liens, les logiques, invisibles de trop près. Donc, oui, ceux qui, en schématisant les choses, les simplifient. En les géométrisant, disait pour sa part un indéniable penseur (peu réputé pour sa simplicité pourtant) (à tort donc) (CQFD).
« n°196 : Limite de notre ouïe.
On n’entend que les questions auxquelles on est en mesure de trouver une réponse. » (Troisième livre)
C’est pourquoi la vie en société est souvent un dialogue de sourds. Parfois la réponse on ne la cherche même pas, par indifférence, par mépris, de la question, de ceux qui la posent : bref par limitation volontaire de notre ouïe.
Ce n’est pas le cas envisagé ici je pense, plutôt celui des questions auxquelles on voudrait bien répondre, mais sans le pouvoir. Toute la difficulté est donc d’accepter d’entendre sans se sentir pour autant obligé de répondre.
Être là, avec l’autre, en simple « bon entendeur », dans une bonne volonté d’écoute apparemment impuissante. Alors cet autre, lui, trouvera peut être une réponse. Sa réponse.
« n°204 : Les mendiants et la politesse.
»Ce n’est pas être impoli que frapper la porte à coups de pierre lorsqu’il n’y a pas de cordon pour tirer la sonnette. » – voilà ce que pensent les mendiants et les nécessiteux de toute sorte ; mais personne ne leur donne raison. » (Troisième livre)
Marxiste, non ?
« n°205 : Besoin.
Le besoin passe pour la cause de l’apparition : en vérité il n’est souvent qu’un effet de la chose apparue. » (Troisième livre)
Que diriez-vous, Friedrich, de l’apparition de ces gadgets inutiles autant que connectés dont nous sommes les serviteurs volontaires autant qu’empressés ?
Enfin ce qui console, c’est qu’ainsi nous contribuons à l’enrichissement de quelques multinationales exemplaires au plan démocratique autant que social.
« n°208 : Grand homme !
De ce que quelqu’un est un »grand homme », on n’est pas encore autorisé à conclure que c’est un homme ; peut être n’est-ce qu’un gamin, ou un caméléon de tous les âges de la vie, ou un démon de petite vieille. » (Troisième livre)
Autrement dit ledit grand homme n’est qu’un petit opportuniste. Il s’agit là bien sûr de grandeur au sens de réputation, de pouvoir, et souvent liée en effet à un déficit éthique.
Quant à la petite vieille et son démon, vous savez ce qu’ils vous disent, Friedrich, tout grand homme que vous êtes ?
Illustration Johnnyjohnson 20430 (Pixabay)