pourquoi tu veux faire du théâtre parce que je vois ma jeunesse défiler disparaître parce que les mots des autres sont garde-fous parce que ma mère parce que pas autre chose

alors cette nécessité à jouer cette nécessité de l’art comme la vie de la vie comme l’art au bout des corps

avec Tchernobyl qui éclate la voix de Balavoine qui éclate dans la voiture rouge le chanteur comme l’acteur

sinon je regarde des gens à la terrasse d’un café si vous ne jouez pas pour de vrai si l’art n’est pas pour de vrai

jouer à en crier

jouer le théâtre ou jouer le cinéma

jouer la vie

mais moi je suis fou je suis un fou de la psychiatrie

n’ayez pas peur j’ai visage humain

je joue le théâtre de l’excès parce que la vie-excès

la direction d’acteur comme un challenge et un défi les coups de gueule les coups d’abandon

comme une écorchure vive

solitude passion avec le sida en perspective

toutes les maladies sont la mort vivante actualisée

mais le bad boy mais la coke mais tous les manipulateurs excessifs

amoureux de leur mère ou voleurs de portefeuille

comment être une actrice et jouer Platonov (histoire d’un manipulateur d’un perdu cynique et sans père)

l’art ou la vie

sur une radio Tchernobyl explose juste deux morts dit Moscou

mais le bad boy sans père qui attendrit la petite bourgeoise blonde

de celle qui ont la vie au fond des tripes couchent ou dorment sur le paillasson malgré capotes et sida

aiment entre mort et vie jouent à vingt ans la scène finale

admirent les metteurs en scène adulés et découvrent New York comme un poème

déchirent la complicité des eighties dansent le théâtre dansent le cinéma bras levés comme espoirs fac-similés

l’art ou la mort

de toute manière on avorte toujours du bad boy évolutif

(il ne frappe l’héroïne qu’une fois elle l’absout elle est femme)

on sait que le bilan sera cinématographique que

rien ne restera hormis l’art et l’instinct on peut surjouer

on peut hurler mais les images

on enfile nos costumes et on essaie de jouer la vie

après la mort on joue

à New York on jouera l’histoire de sa mort puis

fumer une Camel illusoire

créer jouer rejouer sa présence en cinéma halluciné de lui-même en sourire-caméra

(le film comme théâtre éternisé)

en totale psychose le cinéma dans les yeux

 

A propos du film Les amandiers, Valeria Bruni Tedeschi, 2022

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