Ces poèmes sont extraits du recueil, Lettres, paru aux éditions La Rumeur libre au printemps 2025.
La main, d’abord.
Chercher la lumière.
Ne jamais se confondre avec l’ombre qui se raidit.
Laisser la pluie et le vent faire leurs affaires.
Charger le ciel de vos poèmes,
Gravir une à une les notes de la chanson
Jusqu’au refrain qui vous anime,
Qui vous ranime et laisse bruire
Tous les arbres de votre village, de votre ville, de vos forêts !
*
Rien ne vous fera peur hormis la tempête,
Les orages, les nuages grimaçant dans le ciel,
Les étoiles de feu et les montagnes de brume,
Les sommets de neige et les pics de fournaise…
*
Rien ne vous fera peur hormis les jeux, le soleil, la nuit, le jour,
Les gens, les enfants, les vieux,
Le monde, les oiseaux, les cheveux coupés,
Le pain brûlant, les épices de feu, le démon,
Les rives de la mort et les sentiers perdus à jamais !…
Rien.
*
Vous mangerez vos doigts,
Vous rongerez vos ongles,
Vous suerez toute la sueur de vos nuits,
Vos combats d’amour à jamais perdus,
Vous rongerez le remords qui vous ronge,
Vous écartèlerez le démon qui vous mange,
Et vous gagnerez contre tout ce qui pouvait gagner !
*
Car vous allez vous lever, prendre mes os en poudre,
Prendre cette poudre dans votre paume,
Vous aurez peur du vent, de la tempête qui emportera les cendres
Loin de là où vous vouliez les jeter,
Vous aurez peur de la ronde qui pourra se défaire
Avant la fin de danse,
Vous aurez peur de la nuit,
Vous aurez peur des oiseaux qui picoreront la poudre entre vos doigts
Et videront vos mains,
Et creuseront vos paumes,
Vous aurez peur !
*
Et pourtant, vous aimerez, vous soufflerez,
Vous sentirez le bruit du monde se faire moins pesant,
Vous sentirez l’oubli disparaître,
Vous sentirez le pas du souvenir
Et vous m’entendrez vous dire :
Je vous aime.