On garde souvent en tête des phrases lues ou entendues çà et là, sans trop savoir pourquoi elles se fixent en mémoire …
Dans la pièce d’E. Ionesco, Le Roi se meurt, la reine Marguerite, accablée par l’insouciance irresponsable où son époux s’est longtemps complu, résume, en une réplique mélancolique et grondeuse, son incurable nonchalance :
« Il était comme un de ces voyageurs qui s’attardent dans les auberges, en oubliant que le but du voyage n’est pas l’auberge. »
Pourquoi cette image désabusée – à qui je prête une grandeur et une élégance quasi pascaliennes – me paraît-elle si bien illustrer notre humaine condition ?



On ne devrait jamais oublier ce précepte, je l’accueille d’autant plus que l’âge qui avance écourte le voyage.
Toutefois les auberges sont lieux de rencontres et d’échanges, de plaisirs partagés, qui parfois invitent le voyageur à choisir de nouveaux chemins, imprévus, pleins de découvertes, et tant pis sì tous mènent à cette Rome, royaume immense de trépassés qui nous ont tant légué, bon grain er ivraie…
Qu’en dites-vous ?
Une phrase illustrant l’humaine condition, dis-tu, Jean-Marie : oui, sans doute. Et je rejoins Laure-Anne pour l’intérêt de l’auberge. Dans la vie oublier le but du voyage, disons le but qu’on s’est fixe, n’et peut être pas grave, car dans la vie tout est à vivre, le chemin, l’auberge, le départ, le retour, les détours …
Mais moins philosophiquement cette phrase m’évoque le monde politique. En politique oui il y a des buts à atteindre, (et qu’on peut donc rater) : faire avancer les sociétés dans le sens de la justice, de la responsabilité, de la convivialité. Le travail des hommes politiques qui n’ont pas renoncé à la démocratie serait d’emmener leurs concitoyens sur cette voie, au plan législatif comme exécutif. Or je les vois massivement incapables de sortir du confort de leurs auberges (en particulier leur confort idéologique), insoucieux que pour tant de leurs concitoyens, tant d’humains dans le monde en général, l’auberge soit inhospitalière. Et je ne parle même pas des saccageurs d’auberges, des coupeurs de routes, que sont les tyrans et autres autocrates amoureux de la mort …
Oui Ariane, en complément de ce premier message en retour à Laure Anne, je comprends mieux pourquoi je ne reste pas tant que ça dans les auberges, finalement je trouve mon grain partout!
En effet, et je me rends compte que le but me guide peut-être trop.