7
on avait beau râler, beau dire,
c’était bien. chacun mugit, portant
à sa mesure
…………de ces beaux
hématomes.
8
et tous étions si forts
qu’on brûlait vif on mugissait comme
des armes. comme des armes solidaires
et pleines. on se prêtait l’un l’autre
dans les coulées
du Larzac. c’est comme ça qu’est la Lozère.
derrière nous certains
………..pendaient au sol
d’épuisement. nos corps, en somme,
les avaient trop
rongés. comme des
………..jouets
d’enfants. que l’on nous juge oui. nos corps étaient
la faute, seuls, et dans ces plaines
nous les hommes,
bons soldats, nous nous sentions humides.
9
ce n’est pas pire non
que de se laver dans le Gange.
10
à table, on s’est toujours battus des coudes
vils. on se vole
entre frères. on a le regard
glabre.
on nous force tout jeunes
à s’aimer pour mieux vivre
ensemble. on ne connaît pas bien
le reste,
le beau monde, les femmes. on ne connaît que
nos repas, nos mentons, quand se lever brandir
nos arbalètes, à vrai dire.
on s’habitue si vite on ne sait plus faire autrement.
11
à vous les gens voûtés,
mes gars les sept, c’est vous les hommes
………….après tout —
il faudra boire oui, chacun se battre.
…………aboyez mes amis. car
c’est vous plus tard qui m’aiderez
à tenir bon.
debout repos soldats mangez beaucoup.
12
alors prenez du ventre allez-y. finissez
……..mon assiette
mon verre et taillez bien vos barbes. ramassez-moi
quand vous aurez fini dans
votre meute. ventres.
et puis mordez ma chair, prenez
………..ces paquets-là
de viande humide. à table. il y en aura pour tous.
chacun sa part, chacun ses restes
acides du garçon
là, pleurant.
du garçon là stupide, en ruminant qui doute.