PERSONNAGE 2 – Les gens différents sont différents.
PERSONNAGE 1 – Les hommes adhèrent aveuglément à une certaine image d’eux-mêmes et à une certaine image des autres. Maintenant je vous connais. Sachant à qui j’ai à faire, vous allez découvrir qui je suis. Les gens ont besoin de termes d’identification à tout prix et donc abusifs. Ainsi ceux qui vous disent « je commence à vous connaître un peu » sont des gens qui ne vous connaissent pas du tout.
On se cache derrière la référence à une mentalité et on sous- entend que tout en découle. Nous ne sommes pas faits pour avoir une mentalité. Je n’aime pas la mentalité de la mentalité.
PERSONNAGE 2 – Ça c’est du Pierre, ça c’est du Paul, ça c’est du Jacques. Je ne connais pas tous les êtres humains mais je commence à tous les connaître.
PERSONNAGE 1 – Après trente ans de réflexion j’accorde aux autres le droit d’être différents de moi.
PERSONNAGE 2 – Il y a des gens qui vous conviennent et d’autres dont il faut se débarrasser. J’ai fait fusiller 15000 personnes ce matin. Je me sens mieux.
PERSONNAGE 1 – La société arrive à un âge où soit les hommes se replient sur leur subjectivité, soit ils se perdent dans l’extériorité et la superficialité des relations sociales. Et finalement dans la corrélation des deux : on choisit des amis et des relations à la mesure de l’image qu’on a de soi pour mieux s’y conforter.
Opportunité, fonctionnalité, utilité des personnes et des relations. D’où le caractère complètement opportuniste des liens. D’où l’absence d’attachement et d’engagement. Nous sommes entrés dans l’usage des hommes et le non-sens des choses.
Perte des référents. Vanité et vacuité de l’échange. Monde d’indifférence et de superficialité généralisées où la conscience est devenue ennemie de la société.
CLOWN 1 – Nous, nous n’avons pas besoin de tout ça, nous avons nos propres termes d’identification…
CLOWN 2 – Je ne sais pas ce qui est pire : les riches qui veulent donner l’impression d’être pauvres ou les pauvres qui veulent donner l’impression d’être riches. Chez les riches on a plus pauvre et plus riche. Chez les pauvres on a plus riche et plus pauvre.
CLOWN 1 – Ce qui est terrible c’est que les gens bêtes ne sont pas toujours aussi bêtes que ce que l’on croit.
CLOWN 2 – Ce qui est encore plus terrible c’est que les gens intelligents ne sont pas toujours aussi intelligents que ce que l’on croyait.
CLOWN 1 – Si je ne t’avais pas, tu me manquerais tellement.
CLOWN 2 – Nous, c’est différent. Nous n’avons besoin ni d’être bêtes ni d’être intelligents, parce que nous nous aimons…