« Le Berger et son père », c’est le récit flou et fou des collines qui voient les journées étirées par le soleil, les bêtes, les odeurs du pays et des êtres. La mémoire se bat, bancale, elle résiste… jusqu’à ce que la mort vienne. Qu’on s’y attende ou non, réelle ou irréelle, elle vient casser la vie en deux. Ou bien recoller les morceaux ? (Hortense Raynal)
(Les parties 1 à 4 de cette suite ont été publiées dans le n°2 de la revue Point de chute.).
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5.
Par dessus les gretzches et par delà la trapelle
Les foins sont séchés et toi tu es dessus
Ta mâchoire de Basalte me frôle
Ça dépasse ma voix oh ça dépasse tout
Oh si la verdure pouvait parler elle
Raconterait tes jambes
Celles chaque matin sur les monts
Les foins sont séchés et toi tu es dessus
Toujours au sommet toujours
T’as un cœur ça c’est clair
T’as un nez pas de doute car tout cet air
Moyenne montagne tout cet air depuis l’ère Quaternaire
Malgré les congères malgré le redoux en dépit des
éboulis et des clapas
Les foins sont séchés et toi tu es dessus
Je peine à te suivre cependant
Tu dis de venir
Tu la lui as vu souvent à la colline cet air rigolard
La petitesse la fragilité de nous
Tu dis on s’en fiche
Faut y aller
…………Et je t’écoute et j’y vais.
Les foins sont séchés et nous y sommes
dessus.
6.
Et………………………… je cuisine des ronces oubliées
pendant qu’il pique le futur
Dans la souillarde occitane.
La carte postale est décédée et les plantes malades me
regardent à l’ombre.
Dans le cercueil, des odeurs de faux, de bruits de pas, de
fouillis chaud et humide.
Et puis
Le père.
Dedans.
Le Berger.
à côté.
Mon berger désiré.
On chemine vertical entre les guêpes et les amoureux,
les amoureux et les guêpes, et puis une entaille de trop
et hop.
On avoue.
Aveu louable mais seul. Louable mais silencieux.
De toute façon la vie, c’est souvent du silence.
Il a détruit la tranquillité fleurie de l’enfance et des blés
qui fouettaient ses cuisses.
Berger seul. Berger Silence.
Le retard est désagréable et les miettes sont vertes
mais
Qu’est-ce que c’est que
de forcer les attaques à répétition ?
De creuser un roseau déjà vide ?
De sauter quelques notes ?
Le troupeau sait le troupeau sent
Il s’écarte quand il arrive
Moi plus douce avec mes pieds
Lui rocailleux
Il a détruit la tranquillité fleurie de l’amour et de la
luzerne
qui fouettaient nos cuisses réunies nos cuisses fécondes
Berger vide. Berger sans amour. Sans désir.
Je lui dis :
“J’ai trop dialogué à hauteur de moucheron.
DONNE-MOI LES RAPACES !”
Et le troupeau s’épaissit.
7.
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Viure al pais sans eau sans électricité
Et c’est l’amour qui revient
Dans un cri
un cri un cri …………………..un cri
Et le même berger toujours qui prend la main
Cet espèce d’envie qui vient du fond des âges de se mêler
aux brebis
Et de……… disparaître