La Foire (2)
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Médoline s’étonnait toujours de cette chaleur qui n’existait qu’ici. Le ciel bas, vibrant, poussait les branches dans une compresse de soleil ahurissante. Les trilles d’oiseaux s’espaçaient, le vent crachait du sable sur ses chevilles. Elle eut encore plusieurs virages dans des moiteurs de charbon, des séries de troncs penchés sur la route, puis tout s’ouvrit d’un coup : une trame de campagne inculte, recroquevillée, large, égale et si parfaitement rectilignement lisse, qu’elle prit la taille rutilante d’une étendue de porcelaine. Alors, elle aperçut un cours d’herbes folles, les toits boisés et le fond fauve des premières roulottes.