Petite fille est un film documentaire tâchant de raconter une histoire, vécue et vraie l’histoire.
Petite fille se déploie en famille, sans nom au générique car sans acteurs.
Les enfants ne jouent pas, ils sont.
Devant la caméra, les parents jouent, discutent ou jouent.
Les enfants se lancent des boules de neige d’hiver ou se baignent dans une mer aux grandes plages du nord.
L’enfant sait être une fille, porte robes de filles, joue à la Barbie, manie le rose avec dextérité, rejette le bleu, porte talons hauts, escarpins dorés ; barrettes dans les cheveux, costumes de princesse.
Transgenre est Sasha.
Pleurent la mère et l’enfant face aux préjugés des autres, main dans la main pleurent entre province et Paris, la pédopsychiatre elle calmement explique que les mères ne doivent pas être culpabilisées, qu’on ne sait pas pourquoi.
Ballets de petites filles, au conservatoire, avancer le plus légèrement possible, danser ou marcher, se faire enfant qui danse, danseuses-enfants, corps gracile et en devenir. Sasha habillée différemment, rejetée par la professeur russe, Sasha en pantalon et couleurs sombres.
Petite fille danse, entre ballets de tutus blancs et parapluie rouge, dans la rue, très singing in the rain, en musique ou en silence, dans l’émotion contenue d’une caméra pudique.
Petite fille zozote, parle peu, pleure beaucoup, transphobe est le monde.
Puis à la fin petite fille en bleu et rose avec des ailes de papillon de tulle danse tout en douceur devant notre regard extasié-bouleversé, trace de son corps les gestes de la grâce, revêt les habits de sa vérité.
Dans les boutiques petite fille achète maillot de bain rose deux pièces avec volants, petites jupes qui tourment autour d’elle.
Petite fille danse et le cinéma avec elle.
(Sébastien Lifshitz, Petite fille, 2020).
Une chose me trouble : désir de l’enfant, si jeune, ou incarnation du désir de la mère ?
Zones troubles, à respecter certainement, en tous cas tu en rends compte avec beaucoup de délicatesse.