L’été dernier, un train est parti vers la Bretagne avec nos vélos et nous dedans.
Du Mont-Saint-Michel à Kerlouan, nous avons longé la mer, ses vagues.
Ce texte est la trace d’une rencontre avec un paysage sauvage et majestueux qui, à force de défiler sous nos pneus, nous est rentré dans la peau : cinq cents kilomètres de beauté brute.
au pied du Mont,
départ en brise fraîche,
deux roues pour toute monture
et trois côtes pour horizon : l’une
monte la colline, l’autre longe
l’eau et les nôtres, endolories :
se reposeront-elles
enfin sous la pierre froide
de cette chapelle perdue
comme nous au petit matin
par tant de soleil et de route
jusqu’à la prochaine falaise
où les pieds dans le vide
nous guiderons les bateaux
pour qu’ils accostent à bon ker
et à bon port si Dieu le veut :
Cancale Erquy Binic Tréguier
peut-être même Kerlouan
Kerlouan où saignent nos doigts
rouges encore de granit rose
assoiffés d’aller plus haut
et affamés de sel : celui de la mer
du caramel et des gouttes
de sueur qui tombent
sous des kilomètres de cobalt :
ce ciel lézardé de nuages qui
pèse sur le train du retour
(la mer à notre gauche désormais
de plus en plus petite derrière
nos cœurs vides fatigués)
Le premier fragment de ce texte paraîtra courant 2021 aux éditions Pippa dans un recueil collectif de haïkus sur la Bretagne. On peut également consulter le site personnel de l’auteur où figurent ses autres textes, ainsi que la présentation de son livre paru chez l’Échappée belle en 2019.
Je trouve dommage de prélever un tercet sur cet ensemble qui se meut et sinue dans les respirations de la marée entre roche et sables, loin de la capture d’espace temps du haiku (il me semble) ; il est bon que Fragile lui ait fait place !
Oui, je suis d’accord avec L-A.
Belles coulée rythmique et sinuosité graphique des vers.