1
je veux entendre la Lozère hurler au loup
sa plainte, dans
le bois. ça râle au fond, dans les collines
j’entends les
ivres les militaires.
demain la grande cloche va sonner
dimanche.
2
demain nous allons tous mourir
de soif. mal abreuvés. c’était prévu,
dès le début je l’ai senti
dans l’air trop lourd. dans les
jolis
sentiers les rives
qui descendent, à nos bouches se livrent.
dans les rives où boivent tous, où tombent tous
les militaires.
3
car on s’exhibe abondamment
aux portes de
vos
villes. ce sont eux
qui nous envient surtout, qui nous
regardent
faire, de leur vitre sans dire
un mot. jolies colombes
qu’ils sont tous, les enfants sages. ils nous regardent
nous désirent.
4
devant la vitre nous faisons
des grimaces, faisons nos lacets doucement.
jolis enfants, vous avez
les yeux pâles.
et nos torses vous veulent. votre ardeur,
on la connaît, l’avoue, la revendique
à nos six ans déjà. on eut l’audace
de le dire.
5
j’entends beugler les ivres
qui titubent.
faisons de notre mieux. on hante
la colline, on la perce
à l’aveugle.
nous sommes beaux
ainsi. nous sommes beaux,
sentons
l’urine forte
et divaguons des heures
curieusement, aux portes des villages.
6
certains ont peur de ceux
qui divaguent qui beuglent. c’est bien nous
qui faisions foi de vivre ainsi.
face au grand feu devant les autres on avait
tenu serment
de mordre aux bouches de nos frères
s’ils tombaient.
ils tombent tous.
on s’exécute.
on pouvait se maudire, c’est vrai. mais tous
avions fait foi de vivre ainsi.
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(Photo Ott Maidre, Pexels)