Ces poèmes sont extraits d’un ensemble inédit et achevé intitulé parmi eux.
Eux, ce sont des oncles les fantômes et d’autres qui habitent l’enfance et qu’on tente, par la langue et ses sursauts, de redessiner faiblement.
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I.
Certains arrivaient tard et se frôlaient les vestes
au motif de jouir contre l’armure des autres
se sentaient les moustaches et se brisaient les doigts
et ceux-là qui demandaient tout le jour où l’ombre
ouvrait ses jambes ne demandaient rien à la
vérité ils s’ennuyaient de leurs tours sans ciel
et des groseilles rouges qui tapissaient leurs pieds
tout fanait à leurs corps mais n’importait que l’heure
à laquelle les femmes ouvraient la table en deux
comme une orange amère ils n’étaient que des mâles
dont les sourires…………………comptaient.
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II.
D’autres aux élans sombres de leur peine préféraient
masquer les beaux visages que leur faisait la pluie
en carénant les doutes où ne naviguent clairs
que les rejetons pleutres or au devant des mots
avançaient les sirènes que personne n’appelait
et ceux qui se cachaient aussi prenaient distance
d’avec les oiseaux et tous les bruits du soir
dans tout cela les jeux faisaient couture et l’or
des vêtements trop courts ajustait ses faisceaux
sur les regards perdus que nul ne visitait
alors……………. un autre jour.
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III.
D’autres mais ce n’était pas les mêmes en hiver
charriaient avec eux les contes et leurs fardeaux
les histoires mal dites et les chats venimeux
dont les moins de dix ans disaient comme ils sont tristes
afin d’être sincères ceux-là venaient sans eau
et sans bagages mais ils donnaient beaucoup d’eux
on ne raconte rien sans laisser derrière soi
un peu de sa tristesse et des chemises sales
ils nous coupaient la viande en regardant ailleurs
en sondant les rues vides au-delà des champs bleus
ils payaient ……………de silences.
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IV.
D’autres pour qui nous avions écrit des testaments
et dont les voix de feu et de poussière rentrée
se cachaient nous fuyaient du haut de leurs yeux jaunes
ceux-là étaient les restes et pourtant ils donnaient
à nos cheveux les teintes et à nos mères les bras
pour durcir nos peaux et notre idée des anges
ils combattaient derrière et se blessaient souvent
aux images et aux notes qui nous étaient la vie
mais a-t-on entendu la perte qui les guide
a-t-on-rentré les chaises et le coussin du père
tout se mêlait ………….et leurs souffrances.
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V.
Certains encore dont l’air avait quitté la peau
se faisaient tapis bas dans des châteaux de carte
que bâtissait au soir un enfant de cinq ans
au mieux disaient l’empire et les derniers combats
et des chansons au pire où mourrait la musique
c’est comme un goût étrange qui agace la langue
et pourrit les dents jeunes avant que sonne l’heure
des goûters ou des baffes mais les yeux se détournent
et l’enfant perd le monde comme un habit de fête
après l’aube et le vin un noceur sans nom
certains enfin ………..se taisent.
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(photo © Lucas Pezeta, pexels)
J’aime les accents rimbaldiens de ce long extrait, et aussi, beaucoup, l’audace d’écrire syntaxique et vaste, de ne pas pleurer votre plume pour ces drôles d’oiseaux…