ÉCRIRE L’HIVER
Cette suite de 10 poème est extraite d’un livre de poèmes, notes et fragments en préparation qui constitue mon petit voyage d’hiver. Je fais ici le tour d’une saison, fais état de cette traversée cyclique, des pensées et sentiments qui m’accompagnent ou m’accaparent alors. L’hiver mondain rencontre son envers symbolique et intime, celui d’une bascule et d’une épreuve à endurer.
Dans mon réduit de lecture et d’écriture je m’absente, et constate ce qui, en moi se concentre, se contracte, ou se refuse à ce qui en d’autres saisons vit sans contrariété.
Dans ce réduit du silence, puisqu’il contient et concentre la solitude, l’écriture se trouve favorisée mais sont également retenues l’innocence et la spontanéité. Ce retour à une vie tranquille, coite, constitue aussi une forme de dessaisissement qui peut être l’occasion de sortir d’une sidération usuelle, et, ainsi, de se trouver mort à l’ordinaire.
Chaque jour
choisir
se taire
ou tout
nommer
–
faire l’inventaire
des choses laissées
sans empreinte sans
rétractation
aucune
.
.
La fleur éclose,
même quelconque, a l’hiver
pour terreau
un sol d’attente
sur lequel je repose
.
.
Quatre-vingt dix neuf fois sur cent
les volets perclus
grincent affreusement
se referment méchamment
…….une fois l’an l’hiver
…….s’ouvrent dans l’air battant
l’instant d’un chant
d’une chair
l’oiseau de fer
élégiaque
aux ailes cloutées
.
.
Et moi qui mens
au mendiant,
qui te parle
comme s’il n’y avait
pas de monde
accélère
le pas
.
.
Des pas précipités
que ne retiennent
ni le vent ni
la neige
……le ciel à lui-même absorbé
dans l’antre de cendre
la mésange
nous mangerait
si la solitude,
elle aussi,
nous abandonnait
6 heures du matin
descente
légale
du froid
qui abrège
ton rêve
tant pis matin
mange
un pas l’autre
……………….un pas l’autre
……………………………..un pas
Ce soir
toute la nuit tient
dans la paume d’une
allumette
que j’approche
de mes lèvres
puis que je tends
à d’autres,
inconnues des
miennes
et je m’applique
contre le vent
à ne pas dissiper
l’étrange éclat
de cette rencontre
je te quitte
–
tout reste
sauf
à notre
allant
Le froid mord à l’os
et ton nom se dérobe
à ma bouche close
une terre ferme
quand je m’absente
au pourquoi
de la saison
me concentre
pour ne pas
glisser
.
.
Nuée d’oiseaux noirs –
la fenêtre vite dépassée – le ciel
et la télé allumée
–
cela aussi
écrit l’hiver
d’une façon
qui m’est
inconnue
.
.
Il fait si clair dehors
la bouche d’hiver
aux lèvres gercées
– trait d’union du souffle
à l’air,
se blesse à sourire
–
mais même la mort l’hiver
cède à la mort de l’hiver
et c’est la débâcle aux oiseaux