Julie Nakache publie des romans (Une Nuit noire et longue, Le Temps qu’il fait, 2020) et des poèmes. Voici des extraits de son dernier recueil en silence et sur la pointe des pieds (éditions d’écarts, 2021), le premier choisi par elle-même.
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« Ecrire de la poésie, n’était-ce pas une transaction secrète, une voix répondant à une autre voix ? » s’exclame Virginia Woolf.
Le poème « Dans mon sac » s’est écrit dans une urgence et une immédiateté du dire, traversant les mots des vivants ou des morts pour asseoir une parole poétique en quête de légitimité. Faire écho pour écrire, chercher « la traînée de poésie » sur le chemin des mots.
Dans mon sac, un livre à la couverture colorée
montre le chemin.
Suspendue, gracile,
entre ciel et terre sa mélodie
dépouillée, tendue, pressée
toute à l’urgence de raconter
fait signe et me tend la main.
S’exposer à la voix d’autrui
avec, pour tout moyen, la déchirure d’un songe.
(p.50)
La nuit est d’encre
les matins de givre.
Les ramettes de papier
se dissolvent
comme le sucre dans le café
Mise KO par la solitude.
(p. 15)
Les mots s’égrènent sur la page.
On dirait les restes d’un papillon
écrasé
sur le bitume.
(p.35)
Je te déteste d’être loin
quand je réclame ta main
quand j’ai besoin de tes bras.
je te déteste de ne pas être là
quand je m’enfonce
dans ma nuit noire et longue.
(p.44)
Julie Nakache, en silence et sur la pointe des pieds, éditions d’écarts, 2021
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(Tableau par Goudouneix)