La revue La Page Blanche est née en 2000 par le hasard d’une rencontre entre mon ami roumain Constantin Pricop et moi sur le site de l’ambassade de France au Canada. L’ambassade offrait en 1998, au commencement de l’internet, un espace dédiée à la poésie sur son site, un lieu de rencontre entre poètes francophones qui y publiaient des textes, lieu tenu par un jeune poète français qui faisait là son service militaire, un soldat de la vie.
Constantin Pricop et moi avons le même âge, nous sommes nés en 1949, j’exerçais le métier de médecin généraliste dans un quartier nommé La page blanche à Mérignac-Arlac près de Bordeaux. Pricop était un écrivain, dont le livre « La marge et le centre » était exposé en devanture de librairies roumaines, un critique et revuiste professionnel, devenu professeur de lettres à la faculté de Iasi. Un professeur de français pour moi.
La ligne éditoriale part du constat que désormais tout le monde peut publier ses écrits grâce à internet. Notre revue fonctionne comme un filtre. LPB est fondée sur la gratuité et le don, elle est articulée entre création, critique, traduction et poètes ‘du monde’…c’est sa personnalité, son caractère. Notre revue sur papier n’est pas diffusée en librairie. Chaque numéro est imprimé à 30 exemplaires, ces exemplaires sont offerts par la revue LPB aux poètes invités dans le numéro. Cette économie permet à la revue de survivre sur le papier depuis vingt ans. C’est l’internet qui nous permet de vivre depuis vingt ans. Pour moi, les valeurs d’internet ont ceci de supérieur aux valeurs de l’imprimerie qu’elles sont la mise en pratique de la gratuité rendue possible et l’exercice concret de l’oblativité intellectuelle. L’ère et l’aire de l’internet, l’aire et l’ère de la communication et de l’altruisme.
.
.
.
J’y suis allée voir, et j’ai apprécié. Oui Internet est le site de la gratuité et j’aime le terme, de l’oblativité intellectuelle. Enfin, parfois. Et sur votre Page blanche, c’est le cas. On s’interroge beaucoup désormais cependant sur le coût environnemental de l’internet… dur de tenir tous les fils…
J’y retournerai volontiers de temps en temps, quand ma fidélité à Fragile et aux lectures papier me le permettront, et j’en parlerai aux amis qui lisent de la poésie. Je suis fille de médecin généraliste, je suis sûre que le voisinage quotidien avec la parole sur le corps des frères humains a souterrainement pétri mon écriture, et je me demandais si c’était votre cas, ou si au contraire l’écriture vous envoyait résolument ailleurs, monde des objets et des lieux, comme les qqs poèmes de vous que j’ai lus m’en ont donné l’impression (fausse?)…
Bravo en tous cas à vous et à la fécondité de votre amitié si ancienne avec CP.