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Il est beau, il m’accueillerait si je voulais
cet Autre que je porte en moi
 
J’en détache la peau lorsque je m’adresse à Toi, une enveloppe
qu’extrait mon esprit
 
et je le nourris de mes soifs
je mets mes gestes et mon corps sous ses yeux :
c’est ce que l’on peut tordre le moins
ce qu’il y a de plus indéniable

 

[un bois épais]

Un bois épais. Vers l’intérieur, aucun sentier.
Pourtant, sa présence est astreinte. Injonction à pénétrer en son sein. Les doigts se blessent qui écartent les ronces pour s’y engouffrer.

A l’orée du bois, une orchidée.
Elle contraste avec la terre poussiéreuse, l’herbe couchée. La densité des fourrés cerne la plasticité de ses feuilles, ses pétales roses et rainurés, sa pâleur et sa vivacité. Simplement au sol déposée.
Ce n’est pas elle, le secret.

Elle est ornement superflu dont on se décharge. Élément exogène qui ne peut être absorbé par la mousse résignée des racines, par les taillis. Par le gibier.

Je creuse la terre et j’étouffe ma pensée, je creuse avec mes ongles et les épingles de mes cheveux, la pensée qu’une fois plantée, je creuse avec les pierres cachées dans le sol, plantée l’orchidée ne pourra plus fuir les ronces qui viendront l’aspirer.

Je plante l’orchidée.
C’est un enterrement. Comme on laisserait dépasser le visage des morts pour, à chaque visite, tresser leurs cheveux.

Je creuse un nouvel espace.

J’y dépose mes épingles, tout ce qui retient mes cheveux. Quand j’entrerai dans le bois sombre, que les branches les plus basses agrippent mes cheveux, nouent leurs tresses douloureuses. M’emprisonnent.

J’y dépose la lame avec laquelle je n’ai pas creusé pour ne pas l’émousser.

J’y dépose les chaussures que j’ai retirées. Je les recouvre de terre.

Je me dresse face au bois.

Derrière moi, une prairie verte inondée de soleil. Pas de maisons, aucun chemin. Au loin, une colline. Quelques points sombres et mouvants.

J’irai là.

Je n’ai plus besoin des rêves qui m’ont égarée, des rêves qui m’ont fuie. Encore moins de ceux qui abandonnent les orchidées avant de se perdre.

\/

 

Il existe un cadre où le faire et le dire sont différents
Quand je mue dans ma langue c’est pour Eux que je suis
Quand je suis mouvement, je suis

Le trait d’union c’est toi, l’Autre que je porte en moi
l’invisible témoin dont j’arrache une face, dont je tends une branche
à qui se dresse devant moi

 

[plume]

je m’orne de sentiments détachés par le temps
j’ignore la penne irrégulière tâchée de sang
collée au sol morte au combat

le combat est maladie
et pourtant combien de parasites
grouillent sur le corps du goëland vieillissant

le sang caille et se transforme
je choisis la plume jaunie par l’iode
je la serre entre mes doigts

\/

Mu.E.s est une exploration de l’identité

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