Les mots de la fin
inhumer c’est laisser
s’en aller
c’est faire
sentir
la terre à poumons vides
l’humus et son
odeur
de terre mouillée
c’est faire baigner
la peau séchée
dans sa minérale
humidité
c’est faire se sentir
au-dedans de son
nouvel habitat intra
terrestre
végétale poussière
pour tous les jours
ceux de pluie
ceux d’incendie
à partir de
demain
et jusqu’à la fin
un temps
inhumer c’est inhumain
comme tout
ce qui est
humain
c’est impensable
quand on y pense
est-ce que c’est rendre
inhumain
ou immortel — est-ce la même chose ? —
entre inhumer qui est inhumain
et crémation
qui sent le coup de soleil
comme la crème brûlée
quel mot choisir
à des fins de fin
pour mourire
un deux trois quatre cinq
mot est un mot
de trois lettres
j’ai toujours compté
mes ami.e.s
sur les doigts
d’une seule main
deux trois lettres
envoyées
pour dire aussi un mot
et quand un mot est une lettre assa-
-ssine
pour leur ôter tout lien
entre -o et -t j’ajoute un -r — mort
presque comme aux dents
d’un cheval
— Ce mort reçu était vraiment très assassin
Saut d’obstacle
ainsi mot de trois lettres reste restera
AMI MOT JOIE VIE
Quelle belle façon de transformer les mots, les relier et leur donner un poids nouveau; en les ancrant dans la nature, le monde animal où ils puisent leur force…
Merci, chère Suzanne ! Je suis très heureuse qu’ils te parlent …
Ce triptyque animal et âmhumaine me touche et me réjouit : par son apparente simplicité, par les lièvres de vie qu’il lève au détour des sentiers et du vivant, par la légèreté qui fait tenir droit ds la gravité souterraine, dans l’autorisation à mou-rire, à vivre, spinozienne préconisation, de joie et d’amitié!
Merci, Laure-Anne pour votre lecture de cette série de poèmes ! Je suis très honorée que vous y trouviez une certaine philosophie, et et heureuse, qu’il vous plaise.