Blanc blason de l’intersaison
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Le blanc, ce condensé de couleurs qui n’en est pas une.
Aux multiples nuances de luminosité ou de matité que la langue française ignore.
En cette fin février, le blanc accompagne le passage de l’hiver au printemps en s’allégeant, en s’adoucissant.
Hier, une neige tardive a recouvert les collines d’une poussière éparse – poudroiement discret sous le ciel bas : un voile d’écume, quelques guirlandes autour des rochers, un blanc dépourvu de toute agressivité ; juste de quoi surligner la rondeur des crêtes et nacrer l’horizon.
Les cirrus s’effilochent en altitude. Leur transparence nuance leur blanc d’une touche de bleu-gris qui leur donne de la douceur.
Les amandiers et les pruneliers offrent leurs premières fleurs avec parcimonie, petits bouquets de papillons légers posés sur les branches noires, que le regard appréhende, de près, dans la singularité de leur composition, de loin, dans le flou d’une dentelle vaporeuse. Sur les talus, dans les prés, quelques pâquerettes ont éclos, encore rares et dispersées ; les perce-neiges inclinent leur cou gracile.
C’est l’intersaison du blanc : entre épais manteau de neige étincelante, insolente, et opulence candide des cerisiers en fleurs, entre moutonnement de cumulus et tapis de pâquerettes en colonie bientôt, le blanc se fait provisoirement discret, modeste, à l’image de la lumière incertaine de ces quelques jours – semaines à peine – où s’émousse la limpidité hivernale sans que ne soit encore advenue la tendre et joyeuse luminosité du printemps.
Le blanc, tout un poème, donc !