Question everything

Why ? (Manchester UK 2005)

Il n’y a pas que les sociologues qui dialoguent. Les philosophes aussi (du moins certains) (les in-certains en fait) (qui se questionnent eux-mêmes d’abord). Car s’il y a une attitude philosophique, c’est bien le questionnement. À propos de tout et rien, à temps et à contretemps. La faute à Socrate et tant d’autres (comme Zadig et Voltaire).

Le questionnement est aussi et surtout l’attitude scientifique par excellence. Il commence par un étonnement (tiens je me suis encore pris une pomme sur la tête). Se poursuit par une hypothèse (un coup du malin génie planqué dans le pommier, celui qui ressemble à un serpent ?) Puis par la vérification ou l’infirmation de l’hypothèse (mais non y a personne) etc.

La question scientifique porte sur le comment, laissant de côté le pourquoi. (Ses apparents pourquoi sont en réalité des comment). Un certain nombre de philosophes, et pas des moindres, ont fait de même.

Et puis il y a les métaphysiciens, tel le second tagueur. Comment devient-on métaphysicien ?

En fait, on ne le devient pas, on le reste. Les enfants le sont spontanément, qui ne cessent de harceler les adultes de pourquoi ci pourquoi ça. La plupart en grandissant se consacrent plutôt au comment, car ils veulent agir, vivre leur vie. Certains cependant en restent au seul pourquoi, alors ils se font religieux ou philosophes métaphysiciens.

Puis deux options. Les métaphysiciens logiques, ou honnêtes, ce qui est la même chose (ben oui vérité pour l’intellect, vérité pour l’affect même combat dixit Spinoza. Quel combat ? Celui de la rationalité géométrique au service de la vérification) les métaphysiciens logiques, disais-je donc, ne peuvent que laisser indéfiniment le pourquoi en suspens.

D’autres s’inventent toutes sortes de réponses, rarement convaincantes faut bien le dire. Mais le bon côté c’est que ces réponses permettent au moins de relancer le débat.

Question the answers. (Brighton 2009) Et c’est bien l’essentiel, parce que les philosophes, ce que ça aime par-dessus tout, c’est tchatcher.

À quel âge êtes-vous né ? (Bruxelles 1994)

C’est vrai ça, des fois on se dit : en voilà un qui est né vieux. Au fait ça veut dire quoi, vieux ? Ça me rappelle la vanne bien connue. Sujet du devoir de philo « Qu’est-ce que l’audace ? » Et l’élève barrant sa feuille blanche des mots « L’audace c’est ça. »

Vieux ça veut dire quoi ? À mon âge on a la réponse : vieux, c’est moi.

Il y a des vieux qui restent curieux, ouverts à la nouveauté, joueurs aussi. Il y a aussi pas mal de vieux grincheux rabougris et fachos, je l’admets. Mais va savoir comment ils en sont arrivés là, par quel chemin d’angoisses, de malheurs, de déceptions ? (La tolérance et l’effort de compréhension, c’est possible à tout âge).

Nous ne sommes pas contre les vieux, nous sommes contre ce qui les fait vieillir (Signé front de libération des jeunes Paris 1971)

Mais bref pour en revenir à la question de départ, il est clair que dans une vie on naît plusieurs fois, et à tous les âges. Parce qu’on naît au fur et à mesure à différentes choses. Genre à 6 mois en sirotant son lait salmonellé on naît à la contestation de l’unique loi du profit, on l’honnit, on la vomit. Après on naît à la culture en lisant les pubs sur le trottoir et les tags sur les murs, et ainsi de suite et de fil en aiguille.

Chaque nouvelle découverte renforce la conviction : La vie est une expérience à mener le plus loin possible (fac St Denis,2016)

Ce qui peut étonner, en fait, car les résultats de l’expérience sont inégaux.

Parfois on a beau (c’est l’expression j’y peux rien) avoir dépassé 60 ans, on n’est toujours pas né à la vie d’adulte, si l’on entend par là responsabilité, utilité sociale. On me dira à ce compte y en a pas tant que ça, d’adultes. Oui mais ça ne console pas. Bref on est resté infantile, au détriment des gens autour (et accessoirement de soi-même). Mais il y a ceux qui, échappant à l’infantilisme, on accédé à l’enfance. À quoi les reconnaît-on ?

Ils vécurent enfants et firent beaucoup d’heureux (Lyon 2016)

Puisqu’on en parle, posons la question : en quoi consiste l’expérience de vivre ? Qui se lance ? … Oui, élève Schopenhauer ?

Tout Terrien finit en rien (Bruxelles 1995) Ah oui, vu comme ça, ça calme …

Sans compter en plus si on y va par là en un sens Dès le début il n’y avait pas de commencement (Bruxelles 2010)

Pas faux. Du coup on est comme qui dirait dans l’impasse … Ouais, et pas au bout de nos peines. OK mais au moins on a renoncé aux illusions qu’on a pu avoir genre Le futur c’était mieux avant (Soulac sur mer 2012)

Oui OK d’accord bref si on résume la situation Jusqu’ici tout va mal (Strasbourg, 2009) Clair. Et c’est pas demain la veille que ça va changer. Mais c’est pas une raison pour se laisser abattre, parce qu’il y a au moins un truc sûr :

C’est la vie ça va passer (Paris 11° 2013)

Consolant, non ?

Les meilleures choses ont une fin. (Et les pires aussi d’ailleurs) (faut espérer, du moins) (sauf que leur fin, on l’attend plus longtemps) (vu que le temps nous paraît plus long). Bref et quoi qu’il en soit de celle-ci, je m’en vais clore ce parcours de tags.

Je sais pas vous, mais je me suis souvent dit durant cette lecture que j’aurais aimé en rencontrer, de ces tagueurs z’et gueureuses. Pour leur subtilité et leur sens de l’humour, leur logique et leur créativité, leur aptitude à rendre les mots parlants.

Depuis le temps plusieurs ont dû mourir. Que sont devenus les autres ? Ont-ils trouvé d’autres interlocuteurs qu’un mur ? Leur parole a-t-elle pu sortir de l’anonymat ?

Sans doute ces questions n’ont-elles pas grand sens. Ce qu’ils ont écrit, ils l’ont écrit c’est tout. Comme ça leur venait et comme ils ont pu. Coup de sang, coup de blues, philosophie, poésie, militantisme. Et parfois simple et enfantine joie, à laquelle je laisse le dernier mot :

Ceci est un acte gratuit Bisous ! (Chalon sur Saône 2016)

Photo Mabel Amber, who will one day de Pixabay

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