« Par vertu et puissance, j’entends la même chose, c’est à dire la vertu est l’essence même ou nature de l’homme en tant qu’il a le pouvoir de produire certains effets qui peuvent se comprendre par les seules lois de sa nature.» (déf.8 part.4)
Spinoza entend vertu d’abord au sens propre (ex le tilleul a des vertus apaisantes).
Pour la vertu au sens moral il en va de même : l’enjeu éthique est de libérer un effet. Etre ou ne pas être quelqu’un de bien n’est pas la question. La question est : faire ou pas le bien qu’on peut.
Dans la logique déjà repérée où l’existence précède l’essence, il définit la vertu/puissance de la même façon que le désir, « essence-même de l’homme en tant qu’on la conçoit déterminée (…) à faire quelque chose. (cf 5/24)
Nietzsche (lecteur enthousiaste de Spinoza) désigne de façon proche comme chemin éthique la Wille zur Macht. Macht vient du verbe machen = faire, réaliser. Der Wille zur Macht : le vouloir-réaliser.
« Par vertu et puissance j’entends la même chose » est développé plus loin dans cette partie 4.
« Plus chacun s’efforce de rechercher son utile, c’est à dire de conserver son être, et le peut, plus il est doté de vertu ; et au contraire en tant que chacun néglige son utile, c’est à dire de conserver son être, en cela il est impuissant. » (prop.20 part.4)
C’est sur un cercle vertueux qu’ouvre l’effort de conserver son être (conatus de son petit nom), en tant qu’inscription de soi dans la logique de la vie. Cercle vertueux, circuit vital incessant entre le point d’ancrage interne de l’AISI et et l’accroche externe de l’ADI (cf 22/24).
Un cercle vertueux ainsi formulé dans la proposition finale d’Ethique (part. 5 prop.42) :
« La béatitude n’est pas la récompense de la vertu mais la vertu même ; et ce n’est pas parce que nous réprimons les désirs (libidines) que nous jouissons d’elle, c’est au contraire parce que nous jouissons d’elle que nous réprimons les désirs. »
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La répression des désirs sort par la porte et rentre par la fenêtre, pê ainsi s’y place-t-il plus de ciel et d’horizon…
Il me semble que le problème reste entier de voir comment fonctionne au sein de l’ADSI et de l’AISI sa propre virtus et celle des autrui. Néanmoins j’ai bp de tendresse pour cette conviction, qui relève d’une espérance presque métaphysique que la somme des virtutes converge ds l’ADI. ==>
– Baruch est-il si athée que cela ?
– Par ailleurs va-t-il au bout de son « deus sive natura »? Car (même si,oui je crois, j’ai bien lu l’article nature), la natura elle-même peut nous faire penser qu’il y a une virtus de loup dans l’homme, y compris le plus généreusement pensant, et que cela ne l’empêche pas toujours de vivre dans la plus grande AISI au nom de sa propre survie qu’elle soit réelle ou psychologique.
Oui le problème reste entier, ou, plus exactement, il se repose de façon nouvelle chaque fois que les données se modifient. Il s’agit d’une dynamique, d’un mouvement sans fin.
Sur l’athéisme ou pas, le débat n’a jamais cessé entre spécialistes. Pour ma part, plus je lis, plus il me paraît évident que ce n’est pas sa question. Et que même son génie est d’avoir trouvé l’issue pour s’en échapper (cf 16/24 OPNI). Issue de secours pour l’humanité.
Sinon, oui justement : on a tous en soi un loup c’est clair, Spinoza le sait bien. C’est là qu’intervient la vision politique : s’arranger entre loups avec le moins de casse possible est une question de survie non individuelle mais collective. Ce ne sont pas les urgences actuelles qui peuvent le démentir.