2019 : La dernière danse de l’insouciance

2019, année où tout semblait encore possible, est aujourd’hui considérée comme un vestige d’un monde en équilibre instable.

À l’époque, les discussions tournaient autour de Greta Thunberg et de l’urgence climatique, des records de chaleur qui ne faisaient encore lever que quelques sourcils, et des incendies dévastateurs en Australie, les pires jamais enregistrés. Certes, le monde allait mal, mais il allait mal comme d’habitude : un chaos familier où chacun trouvait encore le moyen de partir en vacances ou de se plaindre des retards de la SNCF.

Sur le plan politique, les tensions internationales n’étaient pas moins vives qu’aujourd’hui, mais elles avaient un ton presque routinier. Trump régnait toujours sur Twitter avec des déclarations absurdes mais prévisibles, Boris Johnson venait d’être élu, et l’Europe semblait respirer après avoir survécu (de justesse) au psychodrame du Brexit.

De l’autre côté du globe, la Chine consolidait son rôle de géant silencieux, et personne n’imaginait encore que quelques mois plus tard, un virus inconnu transformerait Wuhan en synonyme de chaos mondial.

2019, c’était aussi l’année où les Oscars sacrent Parasite, un film qui semblait prophétiser l’inversion brutale des classes sociales, et où la musique de Billie Eilish captait l’air du temps avec une mélancolie feutrée. Sur Instagram, les feed étaient saturés de brunchs et de couchers de soleil.

Bref, une époque où l’insouciance était une esthétique qu’on croyait durable.

Mais si l’année fut marquée par des murmures de changement, personne ne voyait venir le rugissement à l’horizon.

La décennie se clôturait sur une fête à peine entamée, un dernier toast avant l’orage.

Ce monde en équilibre fragile ne tarda pas à basculer. Si 2019 s’était achevée dans l’insouciance, 2020 ouvrit brutalement une décennie marquée par des crises sans précédent. L’orage tant redouté éclata, transformant le quotidien en une série d’adaptations forcées.


2020 : L’année où tout bascula

Si 2019 était une soirée cocktail, 2020 fut l’instant où le serveur trébuche et renverse le plateau entier sur la moquette.

Tout a commencé dans une relative indifférence.

En janvier, le monde découvrait l’existence d’un mystérieux virus à Wuhan, mais à l’époque, cela semblait encore lointain, exotique, presque banal. Après tout, n’avions-nous pas déjà traversé le SRAS et la grippe aviaire sans y laisser trop de plumes ?

Pendant que la Chine confinait des villes entières, l’Occident regardait, goguenard, en continuant à échanger des poignées de main.

Puis vint mars, et l’inimaginable : le monde s’est arrêté.

Littéralement.

Les aéroports se sont vidés, les rues sont devenues silencieuses, et les « gestes barrières » sont devenus une nouvelle grammaire sociale. Le mot « confinement », autrefois réservé aux films apocalyptiques, est entré dans toutes les conversations. En quelques semaines, tout ce qui paraissait solide s’est évaporé : la routine, les projets de vacances, et même l’idée que le travail devait forcément se faire dans un bureau.

Côté politique, la gestion du virus a mis à nu les failles des gouvernements.

En France, on oscillait entre les masques inutiles, puis obligatoires, et les attestations dérogatoires absurdes (« cocher la case pour sortir acheter du pain » est sans doute la phrase la plus française de ce siècle). Aux États-Unis, Trump transformait chaque point presse sur le COVID-19 en stand-up involontaire, proposant des injections de désinfectant comme solution miracle.

Pendant ce temps, l’Italie, frappée de plein fouet, rappelait au monde à quel point un système de santé peut devenir précaire.

Mais 2020, ce n’était pas seulement le virus. Le meurtre de George Floyd en mai déclencha une vague mondiale de protestations. Des millions de personnes défilèrent dans les rues, masques

sur le visage mais colère dans les yeux, réclamant justice et dénonçant des siècles d’injustice raciale.

Le slogan « Black Lives Matter » devint un cri de ralliement planétaire, reléguant la pandémie, l’espace de quelques semaines, au second plan.

Et puis il y avait l’évasion, celle que seul l’art pouvait encore offrir. Alors que les cinémas fermaient, le monde découvrait The Queen’s Gambit sur Netflix, les ventes de jeux d’échecs explosaient, et Animal Crossing devenait une utopie numérique pour les confinés. Même la musique s’adaptait : les concerts en ligne se multipliaient, et l’on se surprenait à regarder des stars internationales chanter depuis leur salon, dans une ambiance qui oscillait entre intimité et amateurisme.

2020 fut donc une année schizophrénique, oscillant entre catastrophe et créativité, chaos et solidarité.

Le monde ne savait pas encore qu’il ne reviendrait jamais tout à fait à « l’avant ».

Après le choc initial de 2020, 2021 apporta l’illusion d’un renouveau. Mais l’après-crise tant attendu ne fut pas au rendez-vous. À la place, cette année révéla les limites de notre résilience collective face à des défis qui s’accumulaient.


2021 : L’année des illusions perdues

Si 2020 avait été une douche froide, 2021 fut ce moment gênant où l’on sort de la douche et réalise que la serviette est encore dans la machine à laver.

L’année commença pourtant sous de meilleurs auspices, avec les premières campagnes de vaccination qui suscitèrent un mélange d’espoir et de méfiance. On se rêvait déjà à l’après-pandémie, imaginant des retrouvailles, des voyages, des fêtes sans fin.

Mais la réalité, comme souvent, se montra plus nuancée.

En janvier, les États-Unis offrirent une ouverture théâtrale avec l’assaut du Capitole, un événement qui aurait pu être tiré d’une série dystopique si ce n’était pas si tragiquement réel. Le 6 janvier, des partisans de Trump, galvanisés par ses accusations infondées de fraude électorale, envahirent le cœur de la démocratie américaine. Le monde entier regardait, bouche bée, ces images surréalistes où des individus en peaux de bêtes posaient pour des selfies dans l’hémicycle. Ce fut un rappel brutal que les divisions semées pendant les années Trump étaient loin d’être résolues.

Sur le front sanitaire, 2021 fut marqué par une course effrénée à la vaccination, mais aussi par l’apparition de nouveaux variants.

Le « variant Delta » s’imposa comme une menace mondiale, réduisant à néant les espoirs d’un retour rapide à la normale. Les gouvernements jonglaient entre déconfinements précipités et nouvelles restrictions, provoquant une lassitude générale. Les « antivax » et les « provax » s’affrontaient dans des débats sans fin, et la science devint, pour beaucoup, une question d’opinion personnelle.

Le retour au travail, après des mois de télétravail forcé, fut lui aussi un terrain de tensions. Si certains étaient impatients de retrouver la machine à café et les bavardages entre collègues, d’autres rechignaient à quitter le confort de leur pyjama. La notion même de travail évoluait : les grandes entreprises tentaient d’imposer des modèles hybrides, tandis qu’un phénomène inattendu, surnommé la « Grande Démission », voyait des millions de personnes quitter leur emploi, souvent sans plan précis, mais avec une certitude : elles ne voulaient plus de cette vie-là.

Côté culture, le cinéma amorçait un timide retour avec des sorties attendues comme Dune ou No Time to Die, mais les salles peinaient à retrouver leur public.

Les plateformes de streaming continuaient de dominer, redessinant le paysage audiovisuel. Dans la musique, les tournées mondiales restaient incertaines, mais des artistes comme Olivia Rodrigo ou Adele marquaient les esprits, chacun à leur manière, entre nostalgie et catharsis.

Et pourtant, malgré tout, 2021 fut une année d’adaptation.

Le monde ne s’était pas remis, mais il avait appris à avancer en boitant. C’était une année où les illusions s’étaient dissipées, laissant place à une lucidité brutale : l’après-pandémie ne serait pas un retour à l’avant, mais bien la construction d’un nouveau paradigme, encore flou et incertain.

Quand vint 2022, le monde cessa d’attendre la fin des crises pour s’accommoder d’une normalité bancale. Les promesses d’un après-pandémie s’étaient transformées en un bricolage social, où chaque avancée semblait compensée par de nouvelles fractures.


2022 : Une normalité bancale

2022 démarra comme un mauvais rêve dont on espérait se réveiller, mais avec ce petit goût amer qu’on avait déjà dans la bouche en 2021.

Cette année marqua le moment où le monde cessa d’attendre un retour à la normale et commença à bricoler une nouvelle réalité, avec des bouts de ce qui restait encore debout.

Côté pandémie, l’arrivée du variant Omicron fin 2021 avait préparé le terrain : il était plus contagieux mais (heureusement) moins létal, offrant à certains une étrange impression de « grippe améliorée ».

Ce fut l’année des rappels vaccinaux en série, de la multiplication des tests, et des débats sans fin sur le masque.

Le COVID n’était plus l’ennemi terrifiant de 2020, mais plutôt ce colocataire gênant qu’on ne sait plus comment mettre dehors.

Les confinements étaient remplacés par des restrictions ponctuelles, et les gens tentaient maladroitement de reprendre leurs habitudes.

Mais alors que certains espéraient enfin souffler, l’Histoire rappela brutalement qu’elle avait d’autres projets. En février 2022, la Russie lança une invasion à grande échelle de l’Ukraine, plongeant l’Europe dans une crise géopolitique majeure. Les images de Kiev sous les bombes, de civils fuyant par millions, rappelèrent des souvenirs que l’on croyait relégués aux livres d’histoire. La résistance ukrainienne, symbolisée par un Volodymyr Zelensky charismatique et résolu, galvanisa un soutien international, mais les tensions s’intensifièrent. Les sanctions économiques contre la Russie bouleversèrent les marchés mondiaux, provoquant une hausse vertigineuse des prix de l’énergie et des matières premières.

Sur le front intérieur, les sociétés occidentales continuaient de se débattre avec leurs propres fractures. Aux États-Unis, la polarisation politique atteignait de nouveaux sommets avec les midterms, où les tensions entre républicains pro-Trump et modérés éclataient au grand jour. En Europe, la montée des partis populistes témoignait d’un climat d’incertitude économique et identitaire, amplifié par l’arrivée massive de réfugiés ukrainiens.

2022 fut aussi une année de paradoxes. D’un côté, la technologie continuait d’avancer à un rythme effréné : les premiers essais de métavers, l’explosion des NFT (avant leur effondrement), et des innovations en intelligence artificielle semblaient dessiner les contours d’un futur hyper-connecté. Mais d’un autre côté, un nombre croissant de personnes se tournait vers des valeurs plus simples, aspirant à une décroissance choisie, lassées par l’hyperconsommation et le numérique omniprésent.

Dans la culture, l’impact des confinements passés était encore palpable. Le cinéma, les concerts et les festivals reprenaient, mais souvent sous des formats hybrides. Les Oscars marquèrent l’année par un moment mémorable, lorsque Will Smith gifla Chris Rock en direct, offrant à la cérémonie plus de buzz qu’elle n’en avait connu depuis des années. Côté musique, Beyoncé et Kendrick Lamar brillaient avec des albums profondément ancrés dans les réflexions sociales et personnelles.

2022, au final, était une année de contradictions : entre un monde qui semblait prêt à avancer et un passé qui ne cessait de revenir frapper à la porte.

La normalité était là, certes, mais elle vacillait à chaque instant.

2022 s’était contentée de maintenir le statu quo, mais 2023 fut une année d’accélération. Les tensions sous-jacentes des années précédentes remontèrent en surface, tandis que les progrès technologiques, géopolitiques et culturels prirent une tournure plus radicale.


2023 : Le vertige de l’accélération

Si 2022 avait été une année de contradictions, 2023 fut celle des extrêmes.

Tout semblait s’accélérer, comme si le monde, conscient de son instabilité, avait décidé d’appuyer sur l’accélérateur tout en oubliant de boucler sa ceinture.

Ce fut une année où l’espoir et le chaos dansaient une valse maladroite, chacun essayant de prendre le dessus.

La guerre en Ukraine, loin de s’essouffler, entra dans une phase prolongée d’usure. Les offensives ukrainiennes et la résistance acharnée bouleversèrent les équilibres militaires, tandis que la Russie, embourbée dans un conflit coûteux, se repliait davantage sur elle-même. Les conséquences économiques de cette guerre continuaient de se faire sentir : inflation galopante, crise énergétique persistante, et une Europe qui cherchait désespérément à diversifier ses sources d’approvisionnement tout en maintenant son unité politique.

Aux États-Unis, l’année fut marquée par des élections locales et la polarisation croissante entre républicains et démocrates. Les républicains, toujours influencés par l’ombre de Trump, voyaient leur discours de plus en plus ancré dans un conservatisme agressif, tandis que les démocrates tentaient de conserver un semblant d’unité dans un climat de tensions sociales exacerbées.

Sur le plan sanitaire, l’apparition du COVID-21 rappela que les pandémies ne sont pas des parenthèses ponctuelles mais des cycles imprévisibles.

Heureusement, grâce à une réponse mondiale mieux coordonnée et des vaccins adaptés, cette nouvelle menace fut contenue plus rapidement, même si elle ajouta à la lassitude générale.

2023 fut également une année charnière pour l’intelligence artificielle. Les outils génératifs comme ChatGPT et MidJourney, adoptés en masse, transformèrent la manière dont nous produisons du contenu, résolvons des problèmes et même imaginons le futur. Ce bond technologique suscita autant de fascination que d’inquiétudes, particulièrement dans les secteurs créatifs où l’IA remettait en cause des métiers et des concepts considérés jusque-là comme profondément humains.

Dans la culture, les grands festivals et événements retrouvaient leur éclat, mais le public restait marqué par les années précédentes. Les œuvres produites en 2023, qu’il s’agisse de cinéma, de musique ou de littérature, semblaient davantage questionner notre rapport au monde qu’avant. Ce fut l’année de la nostalgie comme refuge : des rééditions d’albums iconiques, des remakes au cinéma, et une célébration des années 1990 et 2000 comme antidote à la frénésie actuelle.

En France, la dissolution de l’Assemblée nationale en 2022 continuait de provoquer des turbulences politiques.

Les grèves massives, quasi-hebdomadaires, reflétaient un mécontentement généralisé. Entre les revendications des travailleurs, la hausse du coût de la vie et une classe politique paralysée par des querelles internes, la France semblait être prise dans une boucle infinie de crise et de résistance.

2023, en résumé, fut une année de tension et d’adaptation, où chaque pas en avant semblait freiné par une incertitude persistante.

Si le monde avançait toujours, il le faisait avec précaution, conscient de la fragilité de ses fondations.

Si 2023 avait frayé un chemin incertain vers une société en pleine mutation, 2024 éclata comme une année de révélations et de confrontations. Chaque tendance amorcée trouvait son paroxysme, poussant les peuples et les institutions à reconsidérer leurs certitudes.


2024 : L’année des révélations et des révoltes

2024 fut une année à la fois bouleversante et révélatrice, où les tensions accumulées des années précédentes explosèrent au grand jour.

Ce fut une année de confrontations, où les failles des systèmes politiques, sociaux et culturels furent mises à nu, et où les révoltes se multiplièrent face à une accumulation d’injustices.


Le retour de Trump : le retour d’une fracture américaine

Donald Trump, après une campagne électorale féroce, reprit le pouvoir aux États-Unis, alimentant un climat de division sans précédent. Sa rhétorique provocatrice, son mépris affiché pour les institutions démocratiques et son alignement sur les mouvements populistes ravivèrent les tensions sociales et raciales. Les manifestations, parfois violentes, se multiplièrent dans plusieurs grandes villes américaines, tandis que l’opposition politique semblait paralysée face à ce nouveau mandat.

Ce retour marqua un durcissement des politiques migratoires, un désengagement sur les questions environnementales, et une guerre culturelle encore plus vive entre conservateurs et progressistes. À l’échelle internationale, les alliés des États-Unis oscillèrent entre prudence et résignation, face à une Amérique repliée sur elle-même.

Le conflit israélo-palestinien : un retour à l’avant-scène

2024 marqua aussi une recrudescence des violences au Moyen-Orient. Après une période de relative accalmie, le conflit israélo-palestinien reprit avec une intensité dramatique, provoquant des pertes humaines massives et une montée des tensions internationales.

Les tentatives de médiation échouèrent, et le monde assista, impuissant, à une nouvelle escalade de ce conflit sans fin.

Les images des bombardements, des civils déplacés et des villes en ruines réveillèrent une indignation mondiale, mais aussi une lassitude face à l’incapacité des grandes puissances à trouver une solution durable. Ce retour sur le devant de la scène du conflit israélo-palestinien rappela que certaines blessures historiques restent impossibles à guérir sans volonté politique et humanité partagée.

Culture, sport et technologie : entre espoir et désillusion

2024 fut aussi une année marquante sur le plan culturel et sportif. Les Jeux Olympiques, organisés à Paris, furent un succès populaire, offrant un moment de répit et d’espoir dans un monde tourmenté. Cependant, les manifestations contre les coûts exorbitants de l’événement et l’expulsion de résidents précaires pour construire les infrastructures assombrirent cette célébration.

Dans le domaine technologique, l’essor des IA atteignit de nouveaux sommets. Les innovations se succédaient à un rythme effréné, mais l’effondrement de certains secteurs de la tech, combiné à des scandales sur la protection des données, provoqua une prise de conscience généralisée. La question « À quel prix le progrès ? » devint omniprésente, alors que des régulations étaient enfin mises en place pour encadrer ces technologies.

2024 : Le cafouillage politique en France et ses répercussions

En France, l’année 2024 fut également marquée par un événement inédit dans l’histoire récente : la dissolution de l’Assemblée nationale, conséquence directe d’une impasse politique sans précédent. Ce coup de théâtre, décidé par un exécutif acculé face à une fronde parlementaire et à une série de crises sociales, a plongé le pays dans une période de turbulence institutionnelle. Les élections anticipées, loin de clarifier la situation, ont révélé un paysage politique éclaté, dominé par une polarisation croissante entre extrêmes et une abstention record. Les réformes promises furent mises en suspens, et les mouvements sociaux se multiplièrent, reflétant un profond malaise national.

Si certains y virent une opportunité de refonder la démocratie française sur de nouvelles bases, pour d’autres, ce chaos politique n’était qu’un symptôme supplémentaire d’un système à bout de souffle.

Cette crise a laissé la France dans une position délicate sur la scène internationale, tout en alimentant un débat crucial sur l’avenir de la représentativité et de la gouvernance dans un monde en mutation rapide.

L’affaire Luigi Mangione : un acte de violence politique

Le 4 décembre, Luigi Mangione, un jeune homme de 26 ans, assassina Brian Thompson, PDG de UnitedHealthcare, en plein cœur de Manhattan. Armé d’une arme imprimée en 3D, Mangione justifia son acte par un manifeste dans lequel il dénonçait les abus des compagnies d’assurance maladie, qu’il accusait d’exploiter les plus vulnérables.

Son arrestation suscita un tollé médiatique, divisant l’opinion publique. Certains voyaient en lui un symbole de la colère d’une génération écrasée par les inégalités économiques, tandis que d’autres dénonçaient un acte terroriste, aussi injustifiable qu’effroyable. L’affaire relança les débats sur la régulation des armes à feu, la radicalisation individuelle et la responsabilité sociale des grandes entreprises.

Des manifestations éclatèrent des deux côtés : certains brandissaient des pancartes en soutien à Mangione, le considérant comme un « martyr moderne », tandis que d’autres réclamaient justice pour la famille de Thompson.

Ce drame mit en lumière un ras-le-bol généralisé envers les élites économiques et les systèmes perçus comme inéquitables.

2024 : une année charnière ?

2024 fut l’année où le monde sembla vaciller entre révolte et reconstruction. Les fractures sociales et politiques éclatèrent au grand jour, mais elles révélèrent aussi une volonté renouvelée de remettre en question les fondements d’un système souvent perçu comme injuste. Si l’année fut marquée par des drames, elle laissa aussi entrevoir un futur où la résilience et l’engagement pourraient, peut-être, l’emporter sur le chaos.

De 2019 à 2024, le monde a traversé une série de bouleversements qui ont redéfini notre rapport à nous-mêmes, aux autres et à nos environnements.

Ces cinq années furent une transition chaotique entre un passé que l’on croyait maîtriser et un futur incertain, encore en gestation.

Les crises sanitaires ont agi comme un catalyseur, mettant en lumière les failles de nos systèmes tout en provoquant des ajustements massifs dans nos modes de vie. La montée des tensions géopolitiques, les révolutions technologiques et les luttes sociales ont renforcé une impression d’accélération constante, où chaque avancée semblait accompagnée d’un retour de bâton.

Pourtant, au milieu du chaos, des lueurs d’espoir persistent.

Les mobilisations pour la justice sociale, les innovations responsables et les initiatives culturelles témoignent d’une résilience collective. Si ces cinq années nous ont appris quelque chose, c’est que le monde ne peut plus avancer sans réévaluer ses priorités.

2024 marque la fin d’un cycle, non pas comme une conclusion définitive, mais comme un point d’inflexion. Une étape où l’humanité, face à ses défis, doit choisir entre persister dans ses erreurs ou embrasser un changement radical. À nous de voir ce que 2025 et les années suivantes nous réservent.

L’écho de nos choix

Entre 2019 et 2024, l’histoire a pris des tournants inattendus et souvent dramatiques, dessinant une trajectoire mondiale où les défis se succèdent sans répit. Les incendies en Amazonie et en Sibérie en 2019, souvent éclipsés par d’autres crises, annonçaient déjà l’urgence climatique croissante. Les catastrophes naturelles se sont multipliées dans les années suivantes : les inondations historiques au Pakistan en 2022, les cyclones dévastateurs aux Philippines et les sécheresses qui ont ravagé l’Afrique de l’Est. Ces événements n’ont pas seulement mis à genoux des nations entières, mais ont aussi jeté des millions de réfugiés climatiques sur les routes, transformant l’écologie en enjeu politique brûlant.

La technologie, quant à elle, a bouleversé les équilibres. L’explosion des cryptomonnaies entre 2020 et 2022, suivie de leur crash brutal en 2023, a laissé des millions d’investisseurs désabusés. Parallèlement, les scandales autour des technologies de surveillance, comme l’affaire Pegasus ou les dérives des réseaux sociaux amplifiées par les IA génératives, ont alimenté des débats houleux sur la vie privée et les libertés individuelles.

Sur le plan social, la montée des inégalités a donné lieu à des mouvements sans précédent. Les manifestations en Iran après la mort de Mahsa Amini en 2022 ont marqué un tournant dans la lutte pour les droits des femmes et des libertés civiles.

La défense des droits humains et des libertés fondamentales a alterné entre progrès notables et inquiétants reculs, dans un monde toujours marqué par des tensions sociales et politiques. L’affaire Pelicot a secoué les consciences mettant en lumière l’ampleur des féminicides et des violences faites aux femmes. Des hommes continuent d’imposer leur vision sur le droit à l’avortement, vous y croyez, vous ?

Ces révélations ont catalysé des mouvements comme Ni Una Menos en Amérique latine et des mobilisations en Europe, demandant justice et des réformes structurelles. Pourtant, dans de nombreux pays, les avancées législatives restent timides face à l’ampleur du problème.

Les droits des minorités de genre ont également fait face à des défis inédits. Sous Donald Trump, tant pendant son premier mandat que lors de son retour à venir à la présidence en 2025, des politiques menaçant directement les droits des personnes transgenres ont fait leur apparition : restrictions d’accès aux soins médicaux, interdictions dans les sports et attaques sur le droit à l’éducation. Ces mesures, accompagnées d’une rhétorique populiste et conservatrice, ont alimenté des divisions profondes, mais elles ont aussi renforcé la mobilisation des communautés LGBTQ+ et de leurs alliés.

Dans un contraste saisissant, les avancées scientifiques et culturelles ont montré le potentiel d’un monde qui continue d’innover. La sonde Parker Solar Probe est devenue la première à effleurer la couronne solaire, une prouesse technologique sans précédent. Parallèlement, la prise de contrôle de Twitter par Elon Musk en 2022, bien qu’accompagnée de polémiques sur la liberté d’expression et la gestion des contenus, a symbolisé l’impact des grandes figures technologiques sur les espaces publics.

La culture a trouvé refuge dans le passé, avec un retour marqué du vintage. Que ce soit dans la mode avec des inspirations des années 1990 et 2000, ou dans la musique avec la résurgence du vinyle et des sonorités rétro, ce phénomène a offert une forme de réconfort face à l’instabilité mondiale.

En France, outre la dissolution de l’Assemblée en 2024, les « marches des oubliés » de 2023, réunissant des millions de citoyens contre l’inflation et les disparités régionales, ont cristallisé un ras-le-bol général.

En 2021, les célébrations de la COP26 avaient ravivé des espoirs en faveur d’un changement global, mais ces promesses furent vite éclipsées par le retour des logiques économiques court-termistes. Les conflits géopolitiques, notamment la guerre en Ukraine, ont relancé une course effrénée aux armements et au contrôle des ressources stratégiques, laissant peu de place à des initiatives ambitieuses pour le climat.

Enfin, ces années furent aussi un creuset de créativité et de résistance culturelle. Malgré les crises, les succès littéraires comme Climat : Chronique d’une agonie annoncée en 2023 ou les œuvres engagées d’artistes comme Kendrick Lamar et Stromae ont offert des respirations dans un monde saturé d’angoisses. Même les sports, notamment les Jeux Olympiques de Paris en 2024, ont permis à des nations fracturées de trouver un semblant d’unité, même si ce fut souvent éphémère.

Ces cinq années, marquées par un mélange unique de tragédies et d’innovations, laissent un goût amer mais aussi l’espoir d’un monde capable, peut-être, de se réinventer face à l’urgence. 2025 arrive comme un point de bascule, où tout reste à faire et où les leçons de ces années tumultueuses seront, ou non, retenues.

En seulement cinq ans, le monde a basculé d’une insouciance relative à une ère de révoltes et de remises en question.

Chaque année, depuis 2019, a révélé des fissures, parfois profondes, dans nos certitudes collectives. L’humanité s’est confrontée à des pandémies, des guerres, des fractures sociales et des avancées technologiques vertigineuses, parfois salvatrices, parfois menaçantes.

Mais, comme toujours, ce que nous ferons de ces épreuves dépendra de notre capacité à les interpréter et à agir.

Car, si l’Histoire nous enseigne une chose, c’est que les transitions brutales ouvrent la porte à l’imprévu : le meilleur comme le pire.

L’année 2024, malgré ses drames, reste une invitation à réimaginer l’avenir. Face aux fractures, il y a la résilience.

Face aux divisions, l’unité.

À l’horizon, une question brûlante reste suspendue : serons-nous capables d’apprendre de ces cinq années ou choisirons-nous, encore une fois, de reculer ?

Maintenant vous savez.


Sources et références

  • Événements climatiques de 2019 : NASA Climate Change Report (consulté le 12/12/2024).
  • COVID-19 et gestion mondiale : OMS – Chronologie de la pandémie (consulté le 15/12/2024).
  • Assaut du Capitole, janvier 2021 : New York Times – Capitol Riots (consulté le 14/12/2024).
  • Guerre en Ukraine : BBC News – Timeline of Ukraine Conflict (consulté le 13/12/2024).
  • Luigi Mangione et l’affaire UnitedHealthcare : Reuters, Luigi Mangione pleads not guilty in Brian Thompson murder (24/12/2024).
  • Jeux Olympiques de Paris 2024 : Le Monde – Jeux Olympiques : succès et contestations (23/08/2024).
  • Tensions dans le conflit israélo-palestinien : Al Jazeera – Israel-Palestine Escalation Timeline (consulté le 20/12/2024).
  • Intelligence artificielle : MIT Technology Review – The Rise of Generative AI (30/11/2024).
Mr. Jayden

Mr. Jayden

Amoureux des bons mots et de l'humour cocasse. Auteur, musicien, procrastineur etc...

    Voir tous ses articles

    Laisser un Commentaire

    Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.