C’était un doux matin d’avril à Montréal.
Plusieurs semaines venaient de passer après la publication du dernier article sur l’effet Dunning Kruger.
Avec délectation nous trépignions d’impatience quant aux retours dans la section commentaires d’inconnus flattant notre égo de taille honorable et notre intellect supérieur.
Il n’en était rien.
Nous, qui de nos vies n’avions lu que deux livres, illustrés, en diagonale de surcroît, sentîmes dans nos poitrines imploser milles éclats de cœurs brisés.
N’étions-nous que d’arrogants imposteurs ?
Cette rubrique était-elle une erreur ?
Le second degré n’est-il donc qu’une température ?
Allons mes braves ! Il est temps de se remettre en question, de faire amende honorable, de laisser derrière nous notre décadence ostentatoire, de ne plus être un faux savant afin de trouver le chemin de la rédemption.
Demain enfin les trolls nous aimerons ! Ou pas…
L’appropriation culturelle, mais c’est quoi donc ?
À l’heure où les appels à la bienséance et au conformisme sont de rigueur peut-on encore parler, se vêtir et agir comme il nous plaît sans prendre connaissance de l’impact de nos actions et du poids de leurs significations ?
Est-il de bon goût de se déguiser en Pocahontas pour Halloween, d’arborer un pagne tribal ou de faire la promotion d’un produit étranger issu d’une culture dont on ne connaît rien ?
Qu’il s’agisse de maladresses involontaires ou affirmées, bienvenue dans les méandres du thème obscur qu’est l’appropriation culturelle !
Terme né dans les années 1990, l’appropriation culturelle se définit par l’idée que l’utilisation d’éléments d’une culture « dominée » par une « dominante » serait intrinsèquement irrespectueuse et constituerait une forme d’oppression et de spoliation de ladite culture « dominée ».
En des termes simples 3 éléments permettent de discerner la spoliation:
- Promouvoir une culture qui n’est pas la sienne dans un but pécuniaire
- Moquer une culture sans but de développer un propos honnête
- Faire usage des codes d’une culture sans comprendre au préalable son histoire et ses incidences ou sans vouloir rendre un hommage.
Fortement liée à une forme de racisme, l’appropriation culturelle tend à appliquer un effet réducteur sur des faits graves subis par une communauté et à ignorer les conséquences morales de l’emprunt sur les personnes prises dans l’implication sociale de leur culture.
Il semble évident que la coexistence des cultures au sein d’une même société, tout comme les échanges culturels, sont non seulement nécessaires à la survie de notre civilisation, mais aussi inévitables.
Nous ne serions sûrement pas où nous en sommes aujourd’hui si les savoirs ne s’étaient pas répandus d’un continent à l’autre au cours des siècles.
Aujourd’hui particulièrement, dans ce contexte de mondialisation, beaucoup avancent que, dans quelques siècles, la grande majorité de la population mondiale sera issue du métissage. En allant plus loin, on pourrait donc aisément avancer que nous sommes voués à n’avoir qu’une seule et même culture.
Ce qui différencie l’appropriation du simple échange culturel, c’est qu’elle se déroule nécessairement dans le cadre de dynamiques dominants-dominés. Imaginons donc une société dénuée de toutes formes d’inégalités et d’oppressions, où le partage des richesses à l’échelle mondiale comme nationale serait relativement équilibré et où la diversité ferait office de norme – en somme, retirons à l’histoire ses passages les plus sombres.
Si un individu décidait alors de prendre un aspect de la culture de l’autre et de capitaliser dessus, ou plus simplement de se «l’approprier», les préjudices causés aux personnes dont la culture est issue n’auraient pas la même portée qu’aujourd’hui.
Pour donner un exemple parmi tant d’autres, dans cet univers utopique, un Nord-Américain blanc pourrait «s’approprier» la spiritualité autochtone, de la même manière que l’on peut aujourd’hui se convertir au Christianisme et décider d’ouvrir un magasin qui vend des figurines à l’effigie de la Vierge Marie.
Dans les faits les rapports de force entre les différentes cultures sont encore très présents.
Revenons désormais à notre réalité, prenons un exemple de préjudice culturel récent et essayons ensemble de le déconstruire.
En 2017 le designer Marc Jacobs s’est vu reprocher de faire défiler ses égéries arborant des dreadlocks.
La polémique portant sur l’utilisation d’une coiffure, attachée à la culture afro-américaine et africaine, par un groupe de mannequins à 95% caucasien.
Le premier problème qui se pose est celui du white washing, un aspect clé de l’appropriation culturelle: si le styliste désirait tant mettre à l’honneur cette coiffure dans son défilé, a-t-il réellement été incapable de trouver des mannequins afro-américaines portant des dreadlocks ?
À l’inverse il aurait été également mal vu de solliciter des modèles de couleur afin de justifier du remplissage d’un quota ethnique, ce que l’on nomme le tokenisme.
Le second problème qui se pose est la compréhension de l’emprunt. Les dreadlocks plus qu’une simple coiffure ont une connotation spirituelle, religieuse et politique importante, manifestant à la fois un respect de l’histoire et une fierté ethnique de la communauté noire.
Le dernier problème est que face aux critiques, le designer a ensuite refusé d’admettre que son inspiration trouvait sa source dans la culture afro-américaine, faisant de cette affaire un parfait exemple de la différence entre appréciation culturelle et appropriation culturelle.
Cet incident nous amène à poser une réflexion sur le rapport du domaine de l’art dans son ensemble face à l’appropriation, l’éthique étant ici le déterminant entre appropriation et appréciation.
Beaucoup voient la fierté ethnique de certaines communautés comme une forme de chauvinisme oubliant ou ne prenant conscience que ces mêmes communautés marginalisées ont pour la majorité été les victimes historiques de massacre, d’esclavage et ont dû assimiler contre leur gré la culture de leurs colons au détriment de la leur.
Peut-on en vouloir à ces même communauté de vouloir préserver leur identité ?
Et ce sont toujours les vainqueurs qui écrivent l’histoire.
Il est difficile pour une population privilégiée par le contexte historique d’avoir un point de vue objectif sur les répercussions des rapports de forces engendrés aujourd’hui et dont elle bénéficie.
Pour « les vaincus », les séquelles historiques sont toujours intenses et les marques bien visibles. Un sentiment d’injustice est présent. Dépossédés de leur biens, floués, poussés à la servitude, ils ne connaissent aujourd’hui encore que peu d’évolutions dans l’accès aux ressources et richesses, eux qui ont été et sont méprisés , victimes de racisme et dont les revendications se heurtent à la surdité des acteurs qui tiennent le devant de la scène.
L’absence d’écoute et de considération.
Tel est le premier frein à l’égalité, qui nous amène à nous pencher sur ces deux courants de pensée que sont le négationnisme et le déterminisme qui visent à user à son avantage des habitus ethniques.
Fers de lance des mouvements extrémistes, ces pensées visent à faire croire aux populations que la place de chacun est définie par son rang social, son origine, sa couleur de peau et par extension sa culture, ceci en oblitérant volontairement ou déchargeant de leur responsabilité les oppresseurs à l’égard des atteintes faites aux peuples opprimés.
Dans cette optique, il est quasiment impossible pour les « vainqueurs » issus de cultures dominantes de reconnaître toutes formes de dommages causées passivement à l’encontre des autres.
Ces cultures auront même tendance à se sentir facilement agressées lorsque leurs privilèges historiques seront remis en question, elles feront alors mine de se heurter à une forme d’incompréhension et elles se placeront dans le rôle de la victime jouant sur le sentiment de peur et usant du nationalisme comme bouclier intersocial.
Pour illustrer ces propos jetons un coup d’œil rapide sur l’actualité récente de cette année 2020.
Suite à l’agression et au meurtre de l’Afro-Américain Georges Floyd, le mouvement et réseau Black Lives Matter (que nous nommerons #BLM pour la suite) lancé en 2013 par Patrisse Cullors, Alicia Garza, and Opal Tometi, a connu un regain d’impact et de visibilité.
#BLM se donnant pour mission de rappeler que le sentiment de peur auquel fait face la communauté noire est un combat quotidien ; ségrégation , violences policières et inégalités sociales.
On parle ici de racisme ordinaire et systémique, fort en Europe et bien plus encore en Amérique du Nord.
Un contre-mouvement récent est alors apparu sous la forme de All lives matter, refusant de voir la symbolique du mouvement #BLM, et venant refuser de reconnaître la valeur de la vie des personnes racisée et les privilèges associés aux populations blanches, cela en jouant de mauvaise foi, en ne s’arrêtant qu’aux termes du nom #BLM et de ce fait en tentant de hiérarchiser les souffrances.
Pour rappel les termes Black Lives matter ne visent pas à dire que la vie des Noirs est plus importante mais que celle-ci est aussi importante que celle de n’importe qui. Et par le prisme des violences visibles faites aux Noirs, que le respect humain se doit d’être un droit absolu, non seulement pour les Noirs mais pour toutes les communautés racisées.
Il est évident que toutes les vies comptent, #BLM illustre seulement l’acharnement qui est fait systématiquement envers une communauté.
Peut-on blâmer une descendance privilégiée pour les torts causés par ses ancêtres ?
Cette question peut sembler absurde. Bien que cette descendance ne soit pas à l’origine des expropriations, il est important de réaliser qu’user de ses privilèges revient à cautionner les injustices et en être un acteur, les inégalités étant toujours présentes.
La lutte contre les inégalités crée-t-elle de nouvelles inégalités ?
Attention aux débordements sous couvert de justice.
Il est souvent difficile de tracer une ligne entre racisme, intolérance et ignorance.
Lorsque l’on est profondément plongé dans une lutte, porté par ses propres convictions, il est facile de prêter systématiquement de mauvaises intentions à des acteurs étrangers.
Si je lutte depuis toute ma vie contre le racisme puis-je être objectif sur mes propres dérives ? Et comment briser le cercle vicieux en évitant de créer de nouvelles discriminations.
C’est à ce titre que pédagogie, écoute et information sont importantes; transmettre une idée avec recul, être clair dans ses associations d’idées, enseigner plutôt que forcer une doctrine et échanger .
Voilà ce qui fait la différence entre un échange passionné et un échange houleux.
Lutte et désinformation ?
Internet est un vaste royaume de l’information où pullulent par wagons chaque seconde des milliards de données.
Il est donc facile de s’y perdre ou d’appuyer son argumentaire sur des références peu fiables.
Les travaux sourcés et référencés sont d’autant plus importants que notre amour des théories du complot peut nous pousser à porter préjudice au travail déjà fourni et à celui en cours d’experts.
Il est certain que cet article n’a seulement vocation qu’à offrir des axes de réflexion mais nous espérons aussi qu’il vous permettra de vous interroger sur ce qu’est l’appropriation culturelle et ses implications et de répondre même partiellement à des questions telles que :
- Pourquoi est-ce mal ?
- Peut-on condamner l’ignorance au sujet d’une culture ?
- La guerre contre l’appropriation culturelle crée-t-elle de nouvelles formes de racisme ?
- Doit-on parler de racisme ou d’intolérance ?
- Une forme de racisme de et envers l’Homme blanc occidental ?
- Et la place de l’art ?
- Quid du cosplay et d’Halloween ?
Comme dit plus tôt, l’appropriation culturelle est une notion assez complexe à traiter et il est difficile voire impossible de la dissocier d’une forme de racisme sous-jacent.
Voici un petit guide qui pourra peut-être vous aider à y voir plus clair.
En attendant la reprise des articles sur une base plus régulière prenez soin de vous, lavez vous les mains, portez un masque.
Godspeed !
Glossaire
Racisme : Idéologie selon laquelle certaines races seraient supérieures aux autres.
Intolérance : Tendance à ne pas supporter, à condamner ce qui déplaît dans les opinions ou la conduite d’autrui.
Nationalisme : Exaltation du sentiment national ; attachement passionné à la nation (chauvinisme, patriotisme) ; doctrine fondée sur ce sentiment.
Déterminisme : Doctrine philosophique suivant laquelle tous les événements, et en particulier les actions humaines, sont liés et déterminés par la chaîne des événements antérieurs.
Habitus ethnique : L’habitus ethnique est un concept sociologique : c’est un ensemble d’habitudes, de dispositions acquises et de pratiques caractéristiques à un groupe ethnique particulier dans une société multiraciale.
Privilège blanc : Avantages invisibles mais systématiques dont bénéficient les personnes dites «blanches » uniquement parce qu’elles sont « blanches » ce qui leur permet de profiter involontairement, voire inconsciemment, du fait que d’autres personnes sont racisées et donc discriminées..
White washing : néologisme issu du militantisme anti-raciste américain qui décrit le fait d’embaucher des acteurs et actrices blancs de peau pour jouer des personnages racisés, qu’ils soient réels ou imaginaires.
Tokénisme : mot récent, traduit de l’anglais, dérivé du mot « token », qui se traduit par « jeton ». L’expression fait essentiellement référence à la pratique consistant pour un groupe ou un organisme à inclure des personnes issues des minorités, dans le but de pouvoir se targuer d’être inclusifs.
Discrimination positive : La discrimination positive ou action positive ou dédiscrimination ou mesures correctrices d’inégalités est le fait de « favoriser certains groupes de personnes victimes de discriminations systématiques »
Différentes formes de racisme : Ordinaire et systémique – Structurel – Institutionnel – Interne – Culturel – interpersonnel
Références
Article écrit en partenariat avec Aishah Seivwright, Community Organizer pour Black Mental Health Connections & Midnight Kitchen Collective (Montréal).
- « Cultural appropriation – Oxford Reference »
- « What’s Wrong with Cultural Appropriation? These 9 Answers Reveal Its Harm »
- Quelques définitions des notions de culture et d’interculturalité
- Patrisse Marie Cullors-Brignac, « We didn’t start a movement. We started a network. »
Unnecessary Knowledge, la pastille de connaissance inutile qui vous permettra de briller en société et d’épater même vos amis les plus calés.
C’est intéressant, précis, et pédagogique, et je serais curieuse de discuter en particulier sur chaque étape du schéma final…
Je retiens surtout au fond votre liste de questions qui posent toutes la difficile question de la frontière et du discernement : pour intéressant qu’il soit ce schéma ne résout pas tout, et faudra-t-il qu’on se prenne la tête à chaque fois qu’on portera un batik africain (c’est beau, non ?)
Pourquoi ne pas porter des dreadlocks si la personne qui les porte s’en trouve plus belle ou si cela fait du sens pour elle quelle que soit sa couleur ou son origine ? Peut-on reprocher la petite fille qui s’habille en Pocahontas d’avoir envie d’imiter la fierté, la passion et le courage de cette personne ? En quoi lui fait-elle tort ? Peut-on se tromper sur qui n’a pas la bonne qu’il mérite dans son histoire?
Ne vous y trompez pas j’ai suivi votre argumentaire, j’ai bien compris le sens des étapes de votre schéma final mais je ne suis pas convaincue qu’à part faire du moindre achat de batik ou de tartan une angoisse socio-métaphysique, ce soit cela qui contribue à éradiquer le racisme, qui se poursuit dans toutes les communautés humaines parce qu’il s’enracine davantage dans le besoin d’avoir un ennemi et de se sentir supérieur à lui et menacé par lui pour exister que dans les emprunts au costume ou à la cuisine. Je ne suis pas en train d’ignorer le fait que certains racismes ont fait à cette heure bien plus de dégâts humains que d’autres, et qu’il faut s’en prendre efficacement à eux, même si tous sont potentiellement aussi destructeurs. Mais j’ai l’impression qu’on se trompe de combat avec ces choses-là… Je me dis que l’appropriation culturelle est aussi un moyen de briser les lignes, alors que la radicalité de ces mises en cause me semblent risquer méchamment de creuser les fossés entre les communautés, ce qui ne me paraît pas une bonne idée dans le monde déjà plein de haines où nous vivons.
Peut-être suis-je du fait de mon histoire allergique à toutes les identités culturelles et leurs drapeaux qui séparent. On passe dans le monde et on est traversé par d’autres vies, d’autres lieux d’autres manières et d’autres histoires, et nos appartenances sont pour moi plus là où on aime et est aimé, où on peut vivre dignement et élever ses enfants si on en veut… n’est-ce pas bien plus une question d’éducation et de soin politique et social que de combats souvent dérisoires contre des signes qui pourraient signer la fraternité, et qu’importe si elle vient au départ d’un malentendu ?
Ne me traitez pas de naïve, je vous suis et je pense qu’on peut en tous cas repartir honnêtement équipé de votre série de questions mais que la ligne de démarcation des réponses qu’elles occasionnent du coup est une ligne de crête. On peut réveiller des monstres qui ne font jamais que dormir à essayer de leur arracher les griffes au lieu de leur apprendre à être humains et de vivre avec d’autres humains. D’accord, cela ne suffit pas encore de demander gentiment, mais quels sont les combats vraiment utiles?
A votre série de questions on peut ajouter celle devenue saignante de l’humour …
Un dernier point, la question du théâtre, car je reste attristée du malheureux malentendu des Suppliantes d’Eschyle à la Sorbonne… c’est entre autre un pièce contre le racisme et pour le métissage… qu’un metteur en scène choisisse les masques, c’est son métier de lire les pièces, de jouer des codes; le théâtre code et ne démontre pas.. que ce masque soit peint car le texte parle de ces réfugiées égyptiennes à la peau brune poursuivies par des violeurs qui trouvent asile de l’autre côté de la mer ; on ne sait si sous le masque ce sont des peaux blanches ou noires, moi je trouve ça plutôt bien, car ce qui compte c’est ce que portent ces personnages. They stand for and with all these women…
Le théâtre c’est jouer des masques, du travestissement, des maquillages. Les femmes jouent des hommes et vice-versa (surtout vice versa à l’origine, moins depuis Shakespeare et Marivaux)… Pour moi ce procès est un contresens sur le langage théâtral, sur la pièce. Personne ne joue Combat de nègres et de chiens de Koltès avec des masques parce que ce n’est pas ce que veut le texte, son genre son auteur et que la pièce a 25 siècles d’histoire de plus…
Autres questions encore ajouter à votre liste : que faire de l’histoire ? de la culpabilité?
Désolée d’avoir été aussi longue, et un peu dispersée aussi…mais je suis sensible à votre propos, qui, je pense, cherchait me semble-t-il autant l’échange que la démonstration. Me trompé-je ou erré-je lourdement?
To be continued…
L’article initie le lecteur à l’ampleur du sujet et à sa complexité. Et les définitions sont bienvenues.
Les cultures, me semble-t-il, ont pour habitude d’emprunter les unes aux autres sans que ces emprunts soient nécessairement des dépossessions.
Merci, Luther, pour cet article vraiment éclairant sur une question à propos de laquelle on entend et lit tout et n’importe quoi, souvent plus « enguerroyée » (et par là dévoyée) que sincèrement et objectivement débattue.
En particulier je trouve très pertinents les trois critères de discernement : but pécuniaire (j’ajoute et toute autre récupération intéressée), absence d’honnêteté, insuffisance d’effort de compréhension. Je les vois comme nécessaires et en fait suffisants.
Finalement je me demande si le terme « appropriation culturelle » n’est pas juste une contradictio in terminis. La culture il me semble se construit sans cesse, et vit dans l’échange, les interactions, ce n’est pas une question de parts de marché mémoriel. Mais c’est vrai qu’il faut souligner qu’il en va comme de tout échange, à tout niveau, de l’inter-individuel au niveau le plus large : la question est qu’il ne crée pas (ne crée plus) de bipartition dominant/dominé.
Le passé est lourd de souffrance et/ou culpabilité qu’il ne faut pas nier. Mais si en tant qu’humanité on a encore un peu goût à la vie, on peut essayer le conseil de Nietzsche « C’est le pays de vos enfants que vous devez aimer ».
Oui c’est fort bien résumé !