Vous êtes fan d’astrologie ?
Le test de Meyers-Briggs est votre livre de chevet ?
Votre pierre de lune vous permet d’ouvrir votre troisième oeil et de lire dans l’âme de votre animal totem ?
Camarades, cet article est pour vous !
L’effet Barnum mais c’est quoi donc ?
Avant-propos :
Le suivant article n’a pas vocation à moquer des croyances mais à apporter des axes de réflexion sur certains de nos rapports à celles-ci avec humour.
Et puis ne m’en voulez pas, Nous « Taureaux » sommes pugnaces et taquins, nous n’y pouvons rien c’est écrit dans les étoiles !
Dévoilé par le psychologue Bertram Forer, l’effet Barnum ou Forer désigne un biais cognitif induisant toute personne à accepter une vague description de la personnalité comme s’appliquant spécifiquement à elle-même.
En 1948, pour dénoncer la généralité et le non fondé des horoscopes dressés par les astrologues, Bertram Forer eu l’idée de se lancer dans une expérience sociale.
Une semaine après avoir soumis 39 élèves d’une classe à un test portant sur la motivation, il leur a proposé une courte analyse de leur personnalité et leur a demandé d’en évaluer l’exactitude sur une échelle de 0 (nulle) à 5 (parfaite), Forer n’ayant pas spécifié au préalable que les portrait était identiques.
« Vous avez besoin d’être aimé et admiré, et pourtant vous êtes critique avec vous-même.
Vous avez certes des points faibles dans votre personnalité, mais vous savez généralement les compenser.
Vous avez un potentiel considérable que vous n’avez pas encore utilisé à votre avantage.
À l’extérieur vous êtes discipliné et vous savez vous contrôler, mais à l’intérieur vous tendez à être préoccupé et pas très sûr de vous-même.
Parfois vous vous demandez sérieusement si vous avez pris la bonne décision ou fait ce qu’il fallait. Vous préférez une certaine dose de changement et de variété, et devenez insatisfait si on vous entoure de restrictions et de limitations.
Vous vous flattez d’être un esprit indépendant ; et vous n’acceptez l’opinion d’autrui que dûment démontrée.
Vous avez trouvé qu’il était maladroit de se révéler trop facilement aux autres.
Par moments vous êtes très extraverti, bavard et sociable, tandis qu’à d’autres moments vous êtes introverti, circonspect et réservé.
Certaines de vos aspirations tendent à être assez irréalistes. »
Tous sans exception se reconnurent dans cette description : sur les 39 élèves, 16 ont donné la note de 5 ; 18, la note 4 ; 4, la note 3 ; 1, la note 2 ; aucun n’a donné 1 et aucun, 0.
Ainsi quel que soit le portrait lu, il produira le même effet s’il est tant soit peu gratifiant et général, et si le lecteur est persuadé qu’il lui est spécifique.
Que signifie cette étude ?
L’effet Barnum décrit donc ce phénomène qui nous fait prendre personnellement un message dont la teneur est universelle.
Couplé à deux autres effets appelées Validation subjective et Biais de confirmation, l’effet Barnum produit par cette technique consiste à se reconnaître intimement dans un texte pourtant neutre surtout si une personne nous l’adresse directement. Son appellation, Barnum, est librement inspirée du personnage Phineas Taylor Barnum, un homme d’affaires et fondateur du légendaire cirque du même nom qui avait l’habitude de dire « Il faut que, dans un spectacle, chacun croit qu’il y ait un peu de quelque chose pour lui ».
Ceux qui maitrisent cette manière de s’exprimer sont ainsi très doués pour amener les autres à valider leurs propos, voire pour les manipuler.
Comment cela fonctionne-t-il ?
L’expérience de Forer est symptomatique d’un mécanisme fréquent chez l’être humain.
Quelqu’un que vous connaissez à peine ne cesse de vous complimenter sur votre personnalité et en plus cela vous semble pertinent. Spontanément vous êtes flattés et c’est bien normal.
L’espèce humaine aimant particulièrement les discours qui la valorisent, elle les accepte donc plus facilement.
Le principe de validation subjective repose sur deux mécanismes du cerveau :
- L’identification
- Et le fait de vouloir combler les vides
Les messages à effet Barnum donnent l’illusion de dresser un portrait nuancé d’une personnalité alors qu’en fait, ils n’expriment que de vagues traits de caractères que l’esprit vient combler en projetant ses propres images, expériences et désirs et ne conservant que ce qui l’arrange. Le cerveau n’intégrant pas les concepts vagues et trop abstraits, il remplit les vides par ses propres expériences, ses souvenirs, et ainsi adapte un discours à sa propre manière de fonctionner. Il créé lui-même sa propre adhésion à un message qui lui laisse la place pour cela.
Il individualise puis personnifie puis enfin l’intègre comme sien.
Nous croirons volontiers ce que nous voulons y voir, consciemment ou non. En revanche, nous auront tendance à rejeter les affirmations généralistes si celles-ci sont négatives envers nous.
D’autres études (D.H. Dickson et L.W. Kelly) ont montré que cet effet était augmenté notamment si les personnes ciblés éprouvent un grand besoin d’être approuvées, d’avoir le consentement d’autrui ou ont un penchant autoritaire.
En tant que technique de manipulation, l’effet Barnum est largement utilisé :
- en astrologie,
- en numérologie,
- en cartomancie,
- en chiromancie,
- en graphologie,
- dans les horoscopes,
- en voyance,
- dans les pseudosciences en général,
- dans les tests de personnalité,
- en politique,
- en séduction.
La mise en évidence de ce phénomène est un des plus importants moyens de lutte contre les pseudo-sciences utilisés par la zététique.
Utiliser un message fédérateur et universel peut être également utilisé honnêtement s’il a pour but de s’adresser à un groupe tout en touchant chacune des individualités.
Maintenant vous savez.
Références
- (en) Bertram R. Forer, « The fallacy of personal validation: A classroom demonstration of gullibility », Journal of Abnormal and Social Psychology, vol. 44, 1949, p. 118-123
- (en) R. E. Ulrich, T. J. Stachnik et S. R. Stainton, « Student acceptance of generalized personality interpretations », Psychological Reports, vol. 13, 1963, p. 831-834
- (en) D. H. Dickson et I. W. Kelly, « The ‘Barnum Effect’ in Personality Assessment: A Review of the Literature », Psychological Reports, vol. 57, 1985, p. 367-382
- Wikipédia
Unnecessary Knowledge, la pastille de connaissance inutile qui vous permettra de briller en société et d’épater même vos amis les plus calés.
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(Photo Scott Webb, Pexels)