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Nous ne mesurons pas notre peine et malgré tout ils crèvent de leurs limites,
exceptés ceux qui ne les connaissent, ne les reconnaissent pas,
eux sont heureux du moindre gribouillage.
Nous ne leur en voulons pas.
Pas plus qu’ à tel qui reproduit le même trait, avec le même outil,
nous déforme en nous embellissant selon son propre goût, son plaisir,
qu’ à celui qui nous transforme en bâtons, nous édulcore, pauvre esquisse insensée,
qu’ à cet l’autre qui nous rajoute ou nous enlève de la chair, jamais au bon endroit,
attentif seulement à sa production,
qu’ à ceux qui ont compris mais ne savent pas faire.
Quant aux pires, qui, pour s’inventer des jouets plaisants à regarder, posséder
ignorent notre altérité,
nous veulent comme ci comme ça, plus haut, plus de…
faisant de nous les créatures d’un Pygmalion tout puissant,
il arrive que nous les rejetions, à petite voix, en écrits sensés,
rien de plus que ce qui nous est permis au sein de notre liberté de travailleuses.
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Oui, être, paraître pour d’autres,
pour qu’ils créent, qu’ils existent par nous
à l’aune de leur art,
pour qu’on existe par eux
dans nos diversités mouvantes, nos images intimes balbutiantes encore,
inachevées toujours,
mi-cachées-révélées,
un job, un jeu, un lien complexe, un nœud aux multiples cordes et enroulements.
Le tour de la question, depuis l’autre côté, féminin… et le regard sur les ratages, les images renvoyées, faussées , le kaléidoscope des interprétations, maîtrisées ou maladroites, comme dans la vraie vie, ce que chacun voit et reçoit d’autrui, saisissant, se trompant, se butant parfois, et parfois touchant au coeur avec respect, sinon avec aisance…