Si je peux me comprendre. Texte inédit de Guillaume Dreidemie.
J’ai commencé la poésie par les arbres du jardin, les pierres du chemin, les songes d’enfance.
J’ai écrit dans le matin l’habitude de vivre, le refrain des sources où nous aimions boire.
J’ai murmuré un chant, tout bas,
Pour entendre si, peu loin, un ami chante aussi, tout bas.
La tête ou bien ailleurs ou bien jamais.
Comment redire – nous venons trop tard ?
J’ai oublié la fin du vers. Le chant est venu au final d’une écharde.
J’ai recompté mes vertèbres afin d’être bien sûr d’être vivant.
Mes amours m’ont donné les chants à venir.
Difficile de croire en soi, je n’étais sûr de rien.
Et pourtant la fête, le vin, la poésie.
Dans l’aube et le soir, bacchanales. Euripide m’a ranimé.
Pouchkine le ventre ouvert m’a pris dans ses bras.
Ses cheveux dans le soleil.
J’ai fait retour aux rivières.
On ne peut rien que tenter de guérir.
Araignées miraculeuses qui reprennent la toile.
Le peintre est descendu dans la brume pour me retrouver.
Ma mère m’a dit tout l’amour qu’elle me portait
Dans sa lettre de l’encre vivre.
Je suis parti à Rome – pour ne plus revenir ?
Et aujourd’hui, me voilà, sans destin final.
Voilà une composition poétique qui porte. Merci, Guillaume.