Poèmes et Fragments
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elle est solitaire et gaie directement rosissante
mains très fines un peu raides la robe déboutonnée
cheveu clair
le beau masque du visage
détachement
elle s’enfonce dans la profonde bâtisse,
deux américaines pas le moins ensorcelées
la jeune fille uniment vaste le foulard au sol
très fatiguées par la ville,
le blanc des larges salles d’eau blancheur chaque jour nouvelle
longues toiles de coton séchant les corps lavés
« si je devais étendre les ailes », ici,
lit étroit persienne refermée palpitations mais couché
sommeil diurne
isoler quelque chose
la jeune femme à la poire
la faculté immobilisée
s’enfoncer au dedans
le piège du caractère florentin
la figure humaine consolante
épineux domaine de l’immensité légendaire
recharge de la vision interminable
« le temps revient »
il faut assassiner vite
espérance de Valois
le bloc sévère des façades
le seuil gigantesque
l’intérieur de maintes petites églises
les gestes tenus des vieilles dames obliques
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l’individualité insensée
idylle pénétrante comète dispensant
l’élaboration rouée le vêtement vacillant
l’affect libéré dore
les cheveux apprêtés pleins de conjecture
leur longueur intégrale engendre l’allure folle
le côtoiement sans fin
le temps tourne,
sans détour poils et plis et ombres sur le corps d’ Albrecht Dürer
allongement du tourment
teinture du visible et néant illuminateur
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où commencer mon long appel de joie je ne suis pas certain glaner chêne frêne fusain glaner cèdre robinier je n’en sais pas davantage face aux atomes soupeser le mousseron voisin d’une hilocomie endosser le monde en endossant ses lieux lieux de mers sobres lieux pour amplifier le souffle lieux d’observation pour prendre place la vue serait comblée donation de l’instant au monde je vivrai le jour éphémère et tous ses doublets à toutes les altitudes la terre enveloppe suffisamment donation de chaque moment de joie au monde entre le ciel clair et le sol terreux lorsque le soleil décapite
je voyais le crépuscule et tanguait sans vouloir l’ultime éclat celle des raids et des nuits lance son cri tout à coup il faudrait en faire part je passe la nuit dépouillé de la clarté qui reviendra reste ce geste singulier goutte à goutte va s’enfonçant dans le monde
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Grâce force grâce force grâce force
…………………………………………….Un maléfice général!
……….Mais un sol solide galets gravier terre riche caquetage des manchots
glaciers jusqu’à la mer
…………………………..par là s’est accrue l’épaisseur rêvante
………………flots flous flots flous flots flous flots flous flots flous
Mugissement.
……Grandement.
……………….Fragments en travers
…………………………………………surgissant des hauteurs les oiseaux comme tels,
la colonie posée en échos
CAQUETACE
quelque chose de saillant
CAQUETAGE
l’eau sinistre impropre tombée sur les rieurs
falaises de la côte intérieure au caractère apprêté gélivures
la légèreté du signe sous-tendue par les sources éphémères la vapeur
Rudes points ébranlés assidument par le Damier du Cap vif moelleux
Lentement renaissantes les glaces de la côte extérieur paradoxalement hors d’haleine Spectre de Palmer *
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un bis
mon regard est propre et net farouche cela va sans dire telle cette roche de Palmer entourée de ses flots éprouvants j’ai échoué ici c’est désolant et grave autour de ma bouche un début de gélivure elle produit des sons insensés hurler évite l’air avachi je m’entends dire que mes bruits effraient qu’ils sont sans pudeur eh je dois me faire remarquer je fais dialogue avec les damiers du Cap amoureux fous de ces rochers ils risquent de me déchiqueter je pointe mes mains gantées vers les rieurs leur énervement est aussi éphémère que le mien ils possèdent l’art d’être ensemble le cri vivifiant ils piquent vers l’écume de vrais pur-sangs leur si belle nudité leur approche est pratiquement dionysiaque je braille affreusement comment rayonner dans cette posture affligeante il faudrait cacher ces traits horribles comme devrait le faire le condor californien ou bien le sarcoramphe qui se dit pourtant roi ces traits sont miens mais tellement momentanés sur la péninsule de Palmer le principe est minimaliste durcir et fissurer ces lieux si gelés laissent pourtant échapper une fine fumée grandeur de haïku mais aussi une odeur de baleine éventrée mon estomac gargouille férocement je ne me reconnais plus je dois me maintenir ici je n’inspire pas de pitié ils me somment d’arrêter de crier on dirait un moment de mauvais débats mon front solidifie un nouveau nuage de poussière glacée je crains l’arrivée de la pluie même infime je dévale la pente escarpée à la recherche d’un peu de terre sans reflet mouillé mon mouvement jette les groupes en émoi ceux-là aux pieds et au lèvres roses s’envolent bruyamment vers le large un énorme effort me fait chuter sur le lichen arraché je vois ma tête rouler vers l’eau glacée les flots sont larges et amers le suintement argenté des cailloux provoque un fort tourment les étoiles sont tombées sur le sol je songe au capitaine Palmer apercevant cet archipel princeps je trempe mes cheveux sous peine de me perdre la roche de Palmer se fend il est temps l’aube vient
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Ce qui défait les limites : la chasse spirituelle la lumière vagabonde l’écoute dans l’acuité une grande attention aux associations sonores l’illusion d’un temps immuable dans une vie à l’écart le plaisir de se perdre dans un début d’histoire qui anime sans rien terminer qui mime admirablement une figure assaillie par le doute peu identifiable au fil des apparitions éphémères sans accessoires ni mine particulière l’air a déjà changé la danse est fugace (une surprenante agilité) on en entend le souffle léger
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l’extraordinaire ne se manifeste plus de la même façon il arrive d’une manière plus naturelle invite à des déplacements plus bruts les lignes de force sont moins tracées leurs ondes sonores sont extrêmement chercheuses rapidement tournées vers le ciel il enquête sur leurs liens leur communication tacite insère le dernier rêve -de ce qu’il en sait
j’ai aimé à la folie toutes ces visions d’étoiles comment j’ai pu les approcher
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immensité citée . ciblée
le coeur et le flanc le coeur et le flanc . tempétueux
vent .vent . vent
un objet roule vers moi le risque que trop de choses arrivent en même temps
mes multiples . agités
en entendant ces choses . une à une . arriver
mes multiples
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un objet roule vers moi.. le coeur et le flanc le coeur et le flanc
le risque que tout arrive en même temps
aggravant aggravant . aggra vant la tempête sur les flancs
vraiment vraiment vraiment
quelque chose roule vers moi
cet autre langage ne vient qu’en quittant . en quittant . un à un. tous les multiples
quelque chose roule vers moi
cela semble en avance de quelques secondes de quelques secondes
en avance de quelques secondes aggra vant
en avance de quelques secondes . sur l’éter nité
Ce n’est pas clair l’image bouge
oui l’image bouge à l’intérieur à l’intérieur du mot
mouvement haleine de sa musique . haleine
haleine de sa musique
l’image bouge à l’intérieur du mot
elliptique précisément l’image bouge
On assiste effaré au désir d’enlacer un sens obscur
musique. et haleine
tiens le mot pend
il ne pèse plus . l’haleine des mots
mot objet du placard mais heureux
entourant la paresse par exemple le mot astre s’enferme à double tour quand on décide de l’approcher
certains au bord des tables après une longue vie de haleurs
trop de contemplation les fait pâlir . une chose petite banale maintenant de méchante humeur se courbe
le mot une désertion
les mots rendus à l’abandon spéculent l’ineffable
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