CLOWN 2 – Souvent on ne comprend rien à ce que je dis.
CLOWN 1 – Alors c’est qu’il n’y a rien là qui vaille la peine d’être compris.
CLOWN 2 – Mais je ne suis jamais ce que l’on croit.
CLOWN 1 – Tout le monde se dit ça.
CLOWN 2 – Pas tout le monde. Il y a des gens qui ne se disent rien du tout.
CLOWN 1 – La question n’est plus de parler avec les hommes mais de se simplifier la vie.
CLOWN 2 – Ce que vous disent les gens est un peu vrai mais ce que je me dis à moi-même l’est encore plus. J’aime énoncer des contre-vérités absolues pour faire le malin… J’aime faire des surprises… mais je ne sais pas tenir ma langue.
CLOWN 1 – Rien ne se fait plus donc tout se fait.
PERSONNAGE 1 – Unetelle ou untel n’est pas folle ou fou mais un peu folle ou fou comme tout le monde.
PERSONNAGE 2 – On revendique son identité quand on n’en a plus.
PERSONNAGE 1 – On est fier de son bonheur, on en fait sa raison d’être et finalement on s’y identifie. De même de son malheur, de son intelligence, de sa bêtise, de sa fortune ou de sa pauvreté. On s’y reconnaît et on veut y rester.
PERSONNAGE 2 – Ils se confortent dans l’image que les autres leur donnent d’eux et dans l’image qu’ils donnent d’eux aux autres. Chacun se lance dans des rites d’identité et d’appartenance sociale. Les hommes n’ont pas envie d’échanger avec ce qui est différent d’eux.
PERSONNAGE 1 – Je ne dis pas que ce que je dis soit exactement ça, mais c’en est peut-être très proche. Pour se simplifier la compréhension, il faut considérer que ce qui semble proche de la vérité est la vérité. Il ne faut pas être trop exigeant. Croire connaître quelqu’un c’est déjà le connaître un peu.
PERSONNAGE 2 – Si ce n’est une totale incompréhension, du moins est-ce un niveau de compréhension extrêmement limité.
PERSONNAGE 1 – Toutes les ouvertures d’esprit ont leurs limites. …
(au CLOWN 1) – Vous êtes une version de l’imperfection humaine qui ne me déplaît pas. En général mes amis n’ont rien à dire, et quand ils ont quelque chose à dire ça n’a aucun intérêt. Mais ce sont des amis. On ne dit rien de spécialement intéressant ou profond mais on est contents d’être ensemble, simplement parce qu’on s’aime.
Cela me rappelle Devis et ses personnages bafouillant l’absurdité de leur monde, du monde.
Merci de votre commentaire. Pouvez-vous me donner les références de cet auteur que je ne connais pas ?
J’ai commis une erreur de frappe, désolée, ils s’agissait de Raymond Devos…
En effet, Devos n’est pas loin ! Mais la chute de l’échange dit bien qu’il y a une autre manière de connaître l’autre, et d’y trouver les pépites qui l’éclaireront et nous instruiront : l’amitié, ou du moins, la bienveillance.