Le Cimetière
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Médoline perçut la fraîcheur du soir, l’ombre printanière qui s’étirait au bas des tombes, comme un buvard incandescent. Il y aurait encore de beaux, de très nombreux jours ici ; des jours qu’il ne faudrait pas gâcher. Dans trois mois elle partirait avec l’été, ses lourdeurs et ses orages. Ça lui semblait si loin et la tranquillité du cimetière la déchargeait. Elle se pencha vers la photo ; sa grand-mère lui ressemblait un peu. Si elles ne partageaient pas leurs gènes, elles avaient quelque chose de familial dans le port, dans le sourire, dans la façon de regarder peut-être. Il ne faut pas être triste, se rabâchait-elle, au contraire, on est du bon côté du monde. La terre s’ouvrait sous les murs, les tiges se tendaient, se propageaient à la file, toutes ensemble, vers les futures flammes.