Je ne sais pas vous, mais dès que j’ai glissé le CD dans mon lecteur, j’ai ressenti un plaisir immédiat, comme si j’étais en terrain de connaissance, avec des amis, en club. Conquise, je suis restée jusqu’au bout à l’écouter. Ce qui constitue le meilleur des tests, écouter un album d’un trait, sans faiblir!
JULIEN BRUNETAUD TRIO
FEELS LIKE HOME
Label FRESH SOUND NEW TALENT
C’est une couleur particulière qui s’entend immédiatement à l’écoute du nouvel album du pianiste Julien Brunetaud, venu s’installer à Marseille, il y a 3 ans, alors qu’il est originaire d’Agen comme le batteur Mathieu Chazarenc. Et comme tous les néo-arrivants, il y est heureux, d’autant que, pas fou, il a choisi de s’installer en bord de mer, dans le quartier animé de la Pointe Rouge, tout près des plages et des calanques. Deux de ses compositions font d‘ailleurs référence à la Méditerranée, “Red’s Point” (!) et “Le Grand Bleu”, peut être la seule mélodie plus mélancolique, qui nous prend à revers. Ce qui est bien joué!
Le titre de l’album sonne comme une évidence “Feels Like Home”, on se sent bien au chaud, confortablement calé dans cette musique qui swingue à merveille. Un sentiment familier envahit la chroniqueuse, une transe douce qui vibre d’une pulsation de vie. On est en terrain de connaissance, rien à dire, ce pianiste connaît ses classiques et l’art du piano conjugué à la formule magique du trio, il maîtrise, d’Errol Garner à Nat King Cole, sans oublier Mc Coy Tyner ou Oscar Peterson.
Julien Brunetaud ne chante plus comme sur ses précédents albums mais son piano le remplace. Julien Brunetaud aime le blues, il vient de là, c’est sûr, l’oreille ne trompe pas. Il raconte que c’est le pianiste chicagoan Otis Spann, accompagnateur de Muddy Waters qui lui a donné envie d’apprendre le piano. Et pas la guitare, çà ne se commande pas.
Le blues, il le vit comme une approche simple pour se lancer dans l’improvisation, jouer modal sur tout un morceau. Il a acquis une belle expérience en faisant le métier sur les routes , en accompagnateur de Nico Wayne Toussaint, dans la grande tradition américaine. Il connaît les standards et cela s’entend aussi, même si ce CD , son 5 ème, est constitué de dix compositions originales et d’une seule reprise de “Let it be”, suffisamment arrangée par ses soins pour que l’on ne pense pas trop vite à l’original. Un bon point!
De la fusion rhythm & blues, soul et jazz, il se tourne vers la pop et le funk et cet univers composite ne lui fait pas peur. Privilégiant le rythme autant que la mélodie, il arrive à un compromis idéal avec ce trio soudé favorisant l’échange, avec un jouage à l’ entrain communicatif (“Nola”) et une facilité impressionnante à improviser, ce qui est l’essence de cette musique!
Julien Brunetaud a trouvé les partenaires idéaux et du cru qui savent s’adapter à toutes circonstances. Sam Favreau à la contrebasse a cette solidité terrienne qui en fait le pilier du groupe et Cédrick Bec, léger, voire aérien aux balais, drive de façon enjouée et rebondissante.
Le montage est habile, la musique gagne en intensité, allant crescendo sans qu’aucune « chanson » ne se ressemble, emportant l’adhésion. Le dernier titre commence comme une attaque de Mc Coy, une tournerie légère et rapide. Enivrant!
Il faut absolument l’écouter en live ce groupe, il “mettra le feu” ce trio, aussi percutant que tendre, quand les scènes s’ouvriront… Mais en attendant, cet album sort sur le label de qualité Fresh Sound New Talent, n’hésitez pas plus longtemps et s’il ne vous rend pas euphorique, ne cherchez plus d’excuse, votre cas est sérieux, faites vous vacciner!
Bravo, Sophie, pour l’humour léger de cette page, qui nous permet de patienter en attendant la réouverture des salles tout en nous faisant saliver d’envie hic et nunc !
Ben oui, » j’veux du live
pas du peep show du vécu,
j’veux du piano des percu
haha »
En attendant faudrait pê acheter l’album pour que ça vive: sur internet ou gravé!
Ce qu’il y a de sûr, Sophie, c’est que c’est rare de te sentir si enthousiaste et de plain pied, et je crois que je vais leur donner mes sous…
Mais je viens d’aller voir et écouter leur clip (le lien) et ça ne se vend pas en dématérialisé… c’est étonnant…
C’est marrant, les albums que je défends je les aime fort en général…. Certains demandent plus de temps.
Je me méfie toujours d’un emballement trop rapide, ceoendant.
Celui là est peut être plus accessible… encore que.
Je ne comprends pas « dématérialisé « . Les musiciens se donnent du mal sortent des Cds que l’on peut acheter. Et il en restera une vraie trace sur un vrai support…
Je n’ai plus beaucoup de place, et la personne à qui je veux l’offrir n’écoute plus que sur tablette ou téléphone, via bonne petite enceinte. Mais ils ont aussi mis en ligne une version numérique, avec pochette idem… et j’ai fait affaire! Il me tarde de recevoir l’objet ectoplasmique; mais pas grave, quand la musique l’est beaucoup moins.
Espérons donc qu’ il n’ y ait pas de déception à l’écoute . Ce serait dommage. Il y a si peu de volonraires pour acheter leur musique aux artistes….Merci à toi…