Merci, Ariane. J’ai écrit ce haïku après une catastrophe naturelle, un raz-de-marée peut-être, et j’avais été frappée par la télévisuelle litanie des morts alors que les survivants vivaient dans tes tentes de fortune, privés de tout. On ne peut rien pour ceux qui sont décédés mais pour ceux qui sont là, peut-être que oui. C’est ce que je me suis dit après la mort brutale de Jim, mon compagnon de vie depuis 30 ans.
Oui, tu as raison Françoise, il faut aussi savoir passer de l’autre côté et aller voir « on the sunny side of the Street ».
Pour Jim, j’entendais ce matin ce proverbe yiddish « Quand on parle aux morts ou à nos morts peut-être,ils nous écoutent…. »
Évidemment que dire après ces sobres et justes haïkus? Les tiens touchent très souvent justes.
Amen, Françoise, sans ironie. En ce moment, les vivants regardent de loin les morts et pleurent de loin… les enterrements a minima… mais d’abord, rester en vie, épargner des vies… Il y aussi des vivants qui arrivent, et on n’a aussi le droit de se réjouir qu’à distance.
Quand on en reviendra à pouvoir s’étreindre, se tenir les mains, peut-être que quelque chose aura fait frémir les lignes raides de nos vies toutes faites, de notre monde tout fait, qu’on essaiera davantage de se garder vivants les uns les autres, amis ou inconnus, de ce côté ou de l’autre des frontières…
C’est une drôle de coincidence que ce haïku ait été publié au moment où s’étendait le Coronavirus. J’aimerais bien que cette épreuve change notre manière d’être vivant.e mais je n’y crois pas. Il y a tant d’autres catastrophes humanitaires sur lesquels les gens au pouvoir ont fermé les yeux, ont même contribuer à étendre, qu’une fois le dangers passés, on reviendra à nos vieilles pratiques…
« Enterrer les morts et réparer les vivants » aurait répondu Tchekhov. J’aime beaucoup la surprise que ménage chaque haïku, puisqu’il s’agit moins de traductions que de recréations en écho. Dommage que cette suite s’arrête ici.
les effets d’écho de langue à langue sont en effet ce qui sort ces haï-kus de l’ordinaire : c’est un seul et même poème diffracté, avec des variations subtiles. Par exemple ici « torn apart/question » est pour moi l’acmé du texte anglais : du déchirement nait le questionnement ; en espagnol c’est le contraste maximal entre « llorando » et « rien » ; en français « doute » et dans les trois l’opposition vivants/morts, c’est le point commun dont parlent vos commentaires.
Magnifique !
Merci, Ariane. J’ai écrit ce haïku après une catastrophe naturelle, un raz-de-marée peut-être, et j’avais été frappée par la télévisuelle litanie des morts alors que les survivants vivaient dans tes tentes de fortune, privés de tout. On ne peut rien pour ceux qui sont décédés mais pour ceux qui sont là, peut-être que oui. C’est ce que je me suis dit après la mort brutale de Jim, mon compagnon de vie depuis 30 ans.
Oui, tu as raison Françoise, il faut aussi savoir passer de l’autre côté et aller voir « on the sunny side of the Street ».
Pour Jim, j’entendais ce matin ce proverbe yiddish « Quand on parle aux morts ou à nos morts peut-être,ils nous écoutent…. »
Évidemment que dire après ces sobres et justes haïkus? Les tiens touchent très souvent justes.
Amen, Françoise, sans ironie. En ce moment, les vivants regardent de loin les morts et pleurent de loin… les enterrements a minima… mais d’abord, rester en vie, épargner des vies… Il y aussi des vivants qui arrivent, et on n’a aussi le droit de se réjouir qu’à distance.
Quand on en reviendra à pouvoir s’étreindre, se tenir les mains, peut-être que quelque chose aura fait frémir les lignes raides de nos vies toutes faites, de notre monde tout fait, qu’on essaiera davantage de se garder vivants les uns les autres, amis ou inconnus, de ce côté ou de l’autre des frontières…
C’est une drôle de coincidence que ce haïku ait été publié au moment où s’étendait le Coronavirus. J’aimerais bien que cette épreuve change notre manière d’être vivant.e mais je n’y crois pas. Il y a tant d’autres catastrophes humanitaires sur lesquels les gens au pouvoir ont fermé les yeux, ont même contribuer à étendre, qu’une fois le dangers passés, on reviendra à nos vieilles pratiques…
« Enterrer les morts et réparer les vivants » aurait répondu Tchekhov. J’aime beaucoup la surprise que ménage chaque haïku, puisqu’il s’agit moins de traductions que de recréations en écho. Dommage que cette suite s’arrête ici.
les effets d’écho de langue à langue sont en effet ce qui sort ces haï-kus de l’ordinaire : c’est un seul et même poème diffracté, avec des variations subtiles. Par exemple ici « torn apart/question » est pour moi l’acmé du texte anglais : du déchirement nait le questionnement ; en espagnol c’est le contraste maximal entre « llorando » et « rien » ; en français « doute » et dans les trois l’opposition vivants/morts, c’est le point commun dont parlent vos commentaires.