(Editions Isabelle Sauvage, 2017, poésie)
De la première à la dernière page, on trouve
une suite de noms communs, auxquels s’ajoutent des compléments ;
ce qui imprime une pulsation,
flottante selon que la strophe compte 1, 2 ou 3 vers ;
rarement plus.
Et on ne trouve
quasiment aucune ponctuation, ni majuscules, aucun titre à l’intérieur,
de sorte que l’on ignore si on lit un seul long poème ;
ou bien, comme aucune page n’enjambe sur la suivante,
une succession de poèmes page après page ;
de sorte encore que le lecteur que n’arrête aucun signal
se trouve pris dans un flux ;
comme dans certains morceaux de jazz.
On relève aussi des répétitions, des variations :
des noms, « apprenti, débutant, novice, élève, néophyte »,
par lesquels le poète se désigne
avant de prononcer quelques réflexions en italique,
une bonne moitié de ces choses
sont aussi aux trois quarts
mentales
non ? (p14)
Plus de la moitié de ce jeu
est aussi à quatre-vingt-dix pour cent cérébral
non ? (p72)
Le jeu du poète étant sans doute à comprendre
comme celui du musicien qui joue de son instrument.
Jeu traversé d’inquiétudes :
pour sa propre santé, comme la répétition du nom cœur
et la variation de ses compléments
(pages 16, 26, 34, 102) le font entendre ;
pour celle de l’humanité, désignée par le nom tribu
inconsciente de la vie propre de la Terre.
J’ai acheté ce livre par curiosité, pour voir ce que publiait Isabelle Sauvage ; découvert par hasard sur un étal de la librairie Goulard à Aix-en-Provence (France). Je l’ai lu avec intérêt. Et lorsque tout est terminé, qui flotte dans l’air, je l’espère, l’impression une fois encore d’une sorte de musique, écrit le poète dans la postface.
Remarque : Avoir l’apprenti dans le soleil, dessin de Marcel Duchamp sur papier à musique, qui représente un cycliste en train de gravir une pente, courbé sur son vélo.