Portulans
En hiver les arbres écrivent
à l’encre de Chine sur le ciel
Les uns racontent
la multiplication fractale
de la poussée originelle
Les autres dressent bien haut
des hampes maigrelettes
en consentant d’avance à l’écrêtage
D’autres encore tracent soigneusement
de vastes réseaux hydrographiques
où les grands fleuves se rejoignent
en un seul estuaire
Bien avant que nos ondes parcourent l’espace
les arbres ont tissé dans le ciel
des réseaux rassurants
un entrelacs d’antennes
où les conversations s’échangent
en silence
Parfois
vers le soir
ou dans l’aube tardive
les pages s’animent de rose
comme un corps caressé
qui devient déchiffrable
Le plus souvent
sur l’écran transparent de l’hiver
c’est la radiographie de nos artères, artérioles et capillaires
que les arbres projettent
Ils ne s’embarrassent pas de paroles inutiles
vont droit à l’essentiel
à cette pulsation commune du sang et de la sève
qui nous irrigue et nous charpente
Et l’air a beau être tranchant comme la glace
nous nous sentons alors plus accordés
Ces arbres hivernaux et leurs réseaux célestes m’évoquent aussi tout ce qui sous terre d’eux vibre et parle et prend soin de la vie autour et de nous… Merci, donc…
Dans les pages du paysage à travers cette poétique frondaison on ne peut pas dire des arbres qu’il ne leur manque que la parole puisque elle leur est donnée ici avec beaucoup de délicatesse ….
Merci, André, pour ton commentaire.
Que de mouvements et de vibrations qui font de l’arbre le parent de l’humain.
Merci à tous pour vos lectures qui démultiplient le texte