Dans le très bref chapitre de conclusion (IV,9) on retrouve le ton empreint d’insatisfaction du propos liminaire. Rousseau y déplorait l’incomplétude à ses yeux de son travail, regrettant ne pas avoir pu mener à bien le grand ouvrage politique qu’il avait envisagé, « entrepris autrefois sans avoir consulté (ses) forces. » (cf 1)
Ici, arrivé à la fin du livre, on le voit se résigner à le laisser tel qu’il est, en partie inachevé.
« Après avoir posé les vrais principes du droit politique (sur ce point du moins, la théorie du politique, il ne doute pas de lui) et tâché de fonder l’État sur sa base, il resterait à l’appuyer par ses relations externes ;
ce qui comprendrait le droit des gens (relations internationales), le commerce, le droit de la guerre et les conquêtes (carrément dommage qu’il n’ait pas avancé sur ce point, ça aurait qui sait évité quelques boulettes, boulets aussi, napoléoniens par exemple pour s’en tenir à la proximité historique de son œuvre),
le droit public, les ligues les négociations les traités etc. (oui décidément dommage).
Mais tout cela forme un nouvel objet trop vaste pour ma courte vue ; j’aurais dû la fixer toujours plus près de moi. »
Fixer sa vue près de soi j’y entends quelque chose comme « voilà j’ai fait ce que je sais faire, c’est à dire penser et écrire, pour servir le bien commun. J’espère qu’on s’en saisira. Et sinon tant pis je ne vais pas être plus démocrate que le peuple. »
C’est donc logiquement à peu près à ce moment-là qu’il se met au projet des Confessions, objet pour le coup on ne peut plus près de lui.
Du Contrat social, comme Émile publié la même année (quel bosseur ce JJ) a reçu on le sait un accueil très contrasté. Encensé par certains, honni par d’autres. Une remarque que l’on peut faire de presque toutes les œuvres de Rousseau. Autre remarque toutes continuent à être lues assidûment. Même La Nouvelle Héloïse, si gentiment ringue, offre à la psychanalyse l’étude du triangle oedipien Julie Wolmar Saint Preux.
Bref tu sais quoi J.J ? Tu n’as pas écrit en vain.
Et maintenant, pour nous citoyens, il reste à revivifier notre précieuse démocratie.
À l’aide de ton petit traité, peut être, et de quelques autres.
Salut et fraternité, citoyen Jean-Jacques.
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