« J’ai dit (…) qu’en considérant toujours (= en ayant beau considérer) la vertu comme la base de l’existence de l’homme, je n’examinerais les devoirs et les affections que dans leur rapport avec le bonheur. »

(G de Staël. De la tendresse filiale, paternelle et conjugale).

Affection entre parents et enfants, d’abord.

« Il y a dans ces liens une inégalité naturelle qui ne permet jamais une affection du même genre, ni au même degré (…) soit que les enfants chérissent leurs parents plus qu’ils n’en sont aimés, soit que les parents éprouvent pour leurs enfants plus de sentiments qu’ils ne leur en inspirent. »

Dans cette relation par nature asymétrique, poursuit Germaine, les parents « ont beaucoup des avantages et des inconvénients des rois. »

Plus de pouvoir (surtout au début), donc plus de responsabilité. « Il n’est rien qui exige plus de délicatesse de la part des parents que la méthode qu’il faut suivre pour diriger la vie de leurs enfants sans aliéner leur cœur. »

Pour être un parent digne de ce nom, tout repose, précise-t-elle, sur l’acceptation de la loi de la vie qui fait des enfants des successeurs, presque des rivaux.

Écho (volontaire ?) à Montaigne « Si nous avions à craindre cela, puisque l’ordre des choses porte qu’ils ne peuvent, à dire vérité, être, ni vivre qu’aux dépens de notre être et de notre vie, nous ne devions pas nous mêler d’être pères. » (Essais II,8 De l’affection des pères aux enfants)

Quant à la tendresse conjugale, elle est le fait « des circonstances qui, sans le secours-même du sentiment, confondent deux égoïsmes au lieu de les opposer. »

Le problème, ajoute Montaigne (maintenant qu’il est là hein), c’est que «il y survient mille fusées (fuseaux, pelotes = embrouillaminis) étrangères à démêler parmi, suffisantes à rompre le fil et troubler le cours d’une vive affection » (Essais I,28 De l’amitié)

Vous l’avez dit, cher ami, approuverait sans doute Germaine, voilà pourquoi

« Il faut, pour maintenir la paix dans cette relation, une sorte d’empire sur soi-même, de force, de sacrifice, qui rapproche beaucoup plus cette existence des plaisirs de la vertu que des jouissances de la passion. »

Bref « La conclusion, c’est que les âmes ardentes éprouvent par l’amitié, par les liens de la nature, plusieurs des peines attachées à la passion (…)

Le sentiment (…) n’est jamais une ressource qu’on trouve en soi ; il met toujours le bonheur dans la dépendance de la destinée, du caractère, et de l’attachement des autres. »

Dépendance des autres : le remède en serait-il la remise à un Autre, Dieu pour ne pas le nommer ? On verra ce que Germaine en dit la prochaine fois.

Crédit image : wikipedia. Germaine et sa fille Albertine

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