« Peut être la philosophie nous enseigne-t-elle comment supporter d’un cœur égal les malheurs de notre prochain, peut être la science résout-elle le sens moral en une sécrétion de sucre, mais l’art est ce qui fait de la vie de chaque citoyen un sacrement. » Oscar Wilde (conférence aux USA)
Que faire devant la laideur du monde ? Déjà ne pas s’y complaire, suggèrent les citations de la dernière fois. Mais ce n’est ni facile ni suffisant. Reste à faire appel aux principaux antidotes humains au mal et au malheur : la philosophie, la science, l’art.
Remarque 1. Comme Oscar le fait entendre ici plaisamment, l’égoïsme peut accompagner une pose pseudo-éthique, une prétendue philosophie peut se faire masque du cynisme : c’est souvent vérifié.
Remarque 2. Absence notable de la religion dans cette série, alors qu’elle est souvent invoquée comme secours de l’humanité (ou opium du peuple).
2a) Oscar laisse cela à ceux dont c’est davantage le feeling. «Tous les américains font des sermons. J’imagine que c’est une question de climat. » (Une femme sans importance)
2b) « Un homme ne peut pas faire un plus mauvais usage de sa vie que de mourir pour ses croyances théologiques. » (Le portrait de Mr W.H.)
(Surtout qu’en général il en profite pour faire un usage abusif de la vie des autres).
2c) « La prière ne doit jamais obtenir de réponse. Si elle en reçoit une, ce n’est plus une prière, c’est une correspondance. » (Dans la conversation)
Voilà qui ramène au mot de sacrement de la phrase de départ.
Par l’acte artistique, qu’il soit de création ou de simple réception (car la véritable réception d’une chose est aussi un acte, on l’oublie souvent) le monde peut se sublimer.
Il peut trouver une forme et une signification, à partir du matériau chaotique qui le (nous) constitue. Et ainsi il n’est pas rare que ce soit l’art qui délivre la pleine potentialité vivifiante de la vie.
« La beauté a autant de significations que l’homme a d’humeurs. Elle est le symbole des symboles. Elle révèle tout, car elle n’exprime rien. En se montrant à nous, elle nous fait voir dans son entier le monde éclatant de couleurs. » (Le critique en tant qu’artiste)