Z comme Zèbre : fallait bien trouver un truc de fin, celui-ci n’est pas très fin je vous l’accorde, mais c’est un truc.
Oui mais quand même : aucun rapport, non ? dira le lecteur pertinent, la lectrice affûtée. Quoique.
Dans l’Éthique, on l’a vu, des passages lumineux, et d’autres plus opaques. Du clair-obscur, donc un peu zébré de noir et blanc : CQFD. (Oui, tiré par la crinière).
Spinoza aussi est un drôle de zèbre. Il est des premiers à frayer passage aux Lumières dans la pensée occidentale. Mais à sa façon inclassable, dérangeante pour les rationalistes purs et durs.
Sans être telle, j‘avoue moi aussi être agacée par les lectures d’Éthique qui ne tarissent pas sur la joie et l’énergie spinozistes, mais semblent ignorer que Dame Géométrie en est la source profonde (c’est pas leur style de beauté apparemment).
Bon c’est pas très grave peut être. Sauf quand à cela s’ajoute une insensibilité aux enjeux sociaux du livre, à sa pertinence aiguë quoique distanciée dans l’analyse des conflits psychologiques et politiques, digne inspiratrice de Freud et de Marx.
C’est qu’il en est de ce livre comme de toute œuvre majeure, chaque époque y cherche son reflet. Et la nôtre est portée à un usage intimiste de la philosophie.
Pourtant, fait remarquer Deleuze, pour Spinoza nulle contradiction entre le soleil de la raison qui fait la lucidité, l’objectivité, et une illumination toute subjective, physique et psychique à la fois.
Faut-il le qualifier de rationaliste-mystique (ou l’inverse) ? Les mots sont piégés. Pour cet homme inclassable il faudrait un mot inédit.
P.S. Quand vous aurez fini de lire l’Éthique sur la plage, vous pourrez trouver intéressant : Le Clan Spinoza (Maxime Rovère Champs Flammarion 2019), sorte de roman historico-philosophique sur le contexte et la genèse de l’œuvre. Un peu touffu faut lire attentivement disons.
Et puis, pas récent mais indépassable, bref et intense : Spinoza philosophie pratique (Gilles Deleuze Minuit 1981).
Photo par MLWatts — Travail personnel, CC BY-SA 4.0, https://commons.wikimedia.org/w/index.php?curid=46079100
La joie et l’énergie, par delà le filtre nietszchéen de la lecture, qui peut en induire le caractère intimiste, c’est sans doute aussi une nécessité sociale de survie, dont pê on oublie la source chez dame géométrie dont on n’arrive pas à voir le sex appeal, parce que le pessimisme à l’oeuvre qu’elle engendre souvent n’arrange pas les affaires du monde, à mon avis.
Un grand merci pour ce bel abécédaire, qui mériterait des frères et plus de lecteurs.
Nietzsche est -il du côté de l’intimisme ? Je ne dirais pas. Mais bon c’est mon filtre à moi je pense. Même Freud je le trouve très politique …
Et merci pour ta lecture stimulante !