Tel Obélix

dans la potion magique, Spinoza est tombé dans le texte biblique quand il était petit. Très jeune il se forma avec un rabbin à l’hébreu, à la pensée talmudique, développant ainsi un esprit de logique, d’étonnement, de questionnement.

Si bien que d’Obélix il différa vite sur le plan intellectuel.

« Spinosa fit voir dès son enfance, & encore mieux ensuite dans sa jeunesse, que la nature ne lui avait pas été ingrate. On reconnut aisément qu’il avait l’imagination vive, & l’esprit extrêmement prompt & pénétrant. »

Une belle

Il apprit le latin chez François Vanden Enden, médecin à Amsterdam. Et sacré loustic.

« Il montrait à ses disciples autre chose que le latin. On découvrit qu’il répandait dans l’esprit de ces jeunes gens les premières semences de l’athéisme. »

Voilà le potum aux rosas. Le latin fut cause de la dérive de Baruch vers l’athéisme de Benedictus. Alors qu’il aurait pu, benoitement, adhérer à l’église luthérienne comme le pasteur Colerus.

Amoureux de Melle VDE, Spinoza se fit doubler par un plus malin plus riche, qui offrit à la donzelle « un colier de perles de la valeur de deux ou trois cents pistoles ». (Les femmes, stupides et vénales).

N’empêche à quoi ça tient. Si Spinoza l’avait mariée, occupé à lui faire des enfants qu’il aurait fallu nourrir, il n’aurait pas eu le temps pour des pensées oiseuses.

Un rebelle

Faute d’amoureuse, Spinoza « se proposa l’étude de la théologie », puis trouva que c’était pas assez de vraie vie. Alors il « abandonna la théologie pour s’attacher entièrement à la physique ». Avec entre autres la lecture aussi assidue que critique de Descartes.

« Il fut dès lors fort réservé avec les docteurs juifs » note Colerus avec un plaisir non dissimulé.

Sa fréquentation biblique lui inspira pourtant un Traité théologique-politique (1670). Le bouquin n’a pas plu du tout à Colerus, « C’était un ouvrage pernicieux. » Carrément. Pourquoi tant de haine ?

Pour Spinoza les conditions de production du texte (formes littéraires, contexte historique, sociologique) font partie intégrante de son sens. « Il soutient entr’autres choses, que comme on s’est conformé aux sentiments établis, & à la portée du peuple lorsqu’on a premièrement produit l’écriture, de même il est à la liberté d’un chacun de l’expliquer selon ses lumières, & de l’ajuster à ses propres sentiments. »

Il affirme ainsi (bon, en Hollande, y a pas écrit kamikaze) au temps d’une inquisition active : non seulement l’interprétation est licite,  mais lire la Bible sans l’interpréter et l’actualiser est trahison de son message.

Impie et passe

Conception inouïe, révolutionnaire, qui fait Colerus s’écrier (en fondamentaliste borné que pourtant il n’était pas) « Si ceci était véritable, bon Dieu, où en serions-nous ? »

Spinoza inaugure donc l’exégèse moderne. Et surtout, avec une indépendance d’esprit relevant déjà des Lumières, il déconstruit ce que la religion a de réellement pernicieux : la justification d’un pouvoir arbitraire, fondée sur le fantasme de la transcendance.

« Qui s’emploie à comprendre au lieu d’admirer comme un sot est tenu un peu partout pour hérétique et impie, et proclamé tel par ceux que le vulgaire adore comme les interprètes de la nature et des dieux.

C’est qu’ils savent bien qu’une fois supprimée l’ignorance, l’admiration stupide, c’est à dire le seul moyen qu’ils ont d’argumenter et de maintenir leur autorité, celle-ci est supprimée.

Mais je passe. » (Éthique appendice part.1)

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