Transitions 1,10

Transitions

du latin transire « aller au-delà, passer, s’écouler, se transformer »

Le sinologue François Jullien propose d’appréhender ce concept grâce à un détour par le chinois, langue qui exprime la notion de transition par deux mots corrélés : « modification – continuation ». Une transition, « c’est ce qu’il faut d’altération pour que la continuité puisse continuer ». C’est « un blanc qui n’est pas du vide, qui n’est pas du non-être » ; un blanc au sein duquel il se passe quelque chose assurant la continuité et le renouvellement du texte, du cours de la vie, du monde.

François Jullien,
« L’action, dans l’écart des pensée chinoise et grecque »
in ‘Regards croisés sur l’action’,
Les Cahiers de Présence d’Esprit n°19, 2022.

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Transition

Le soleil lèche encore quelques nuages lourds, bordant leur masse sombre de franges safranées. Les cimes des arbres brasillent, mordorées.

Puis, le ciel bleu vire au turquoise et l’horizon rosit – voile poudré sur les collines –, et les arbres s’éteignent – encre de Chine désormais.

Tout soudain les nuages, comme lassés du jeu avec le soleil couchant, ont disparu : seuls trois petits cumulus déclinent un camaïeu de rose, mauve, puis d’ardoise, et se dissolvent à leur tour par la brume happés, tout entiers.

Bientôt l’extrême après-midi laissera sa place à la nuit. Transition, temps médian, heure de l’entre-deux, éphémère passage de relais.

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(Photo © Jerome Dominici)