Alan ou le rêve perdu du réel
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La Machine de Turing
Théâtre Michel
Les petites affaires n’étaient pas son fort, encore moins les petites affaires de mœurs, Alan Turing passait surtout son temps à créer une machine capable de décoder Enigma, machine « décodeuse », et qui induira plus tard… l’ordinateur.
Enigma, c’était l’invention nazie aux messages ultra secrets paramétrés de façon unique et complexe, et régénérant de nouveaux codes tous les soirs à minuit. Comme Cendrillon à cette heure, Alan Turing et ses collègues se retrouvaient au point zéro. Finalement, Turing réussit, par un procédé complexe, à comprendre comment briser les codes secrets quotidiens créés par l’invention nazie.
Cinquante ans de secret militaire le firent tomber dans un oubli politique imposé. Cependant, ignorant les honneurs, le scientifique se passionna toute sa vie pour sa Machine, vivant dans l’étrangeté de son idéal, afin de parfaire toujours plus sa mécanique superbe.
Benoît Solès donne un corps fabuleux à cette machine ; voyage pour le public au cœur de sa complexité merveilleuse. Il représente sur scène le périple extra-lucide et merveilleux que fait Alan Turing, périple aux secrets d’amour illuminés. L’écriture sensible de Benoît Solès, évitant le piège du personnage, rend parfaitement vivant le cœur volontaire, et la liberté inconditionnelle de Alan Turing qui scandalisaient à l’époque les timorés de la découverte.
Turing, inventeur d’une machine redoutablement singulière, n’était-il pas un poète visionnaire ?
Une pièce à voir absolument
Marie Bal
Auteur : Benoit Solès
Artistes : En Alternance : Benoît Solès, Amaury de Crayencour, Matyas Simon, Éric Pucheu
Metteur en scène : Tristan Petitgirard
Pour autant que j’en puisse juger par la bande-annonce, cette pièce, dont le sujet est aujourd’hui intéressant, me semble bien jouée et bien mise en scène. L’article, et la pièce, soulignent bien la puissance d’imagination du personnage.
On trouvera, par ailleurs, l’article de Turing, fondateur en Intelligence Artificielle, « Computing Machinery and Intelligence », à cette adresse : http://www.turingarchive.org/viewer/?id=463&title=1 . On lira (en français) l’article de Benoît Le Blanc, accessible et rigoureux, paru dans la revue Hermès : http://documents.irevues.inist.fr/bitstream/handle/2042/58403/Hermes_2014_68-123-126.pdf
Merci pour ce beau retour complet qui donne « un plus » au récit de cette belle aventure.