Le mythe selon Ovide (auteur latin, 43 av. J.C.-17 ap.)
par P. H-Sc
Progné, mariée à Térée, roi de Thrace, veut revoir sa sœur Philomèle qui vit chez son père, roi d’Athènes. Térée va donc la chercher, mais dès qu’il arrive en Thrace, il la viole, lui coupe la langue et la séquestre. Mais Philomèle tisse une tapisserie pour dénoncer le crime qu’elle a subi et réussit à la faire remettre à sa soeur, laquelle décide une vengeance. Progné délivre alors Philomèle, tue le fils qu’elle-même a eu de Térée, et, avec l’aide de sa sœur, le fait cuire et donne à manger à son père. Lorsque Térée apprend la vérité (Philomèle jette la tête du fils sur la table), il veut les tuer, mais les dieux les métamorphosent tous trois en oiseaux : Progné en rossignol, Philomène en hirondelle, Térée en huppe trop lente pour attraper les deux autres.
(Source : Wikipédia)
Jean de La Fontaine (1621-1695) a repris cette histoire dans la fable de Philomèle et Progné, et comme les personnages des fables sont souvent des animaux, Procné et Philomèle sont dès le début des oiseaux, ce qui situe l’action après les événements racontés par Ovide dans ses Métamorphoses.
Autrefois Progné l’Hirondelle
De sa demeure s’écarta,
Et loin des villes s’emporta
Dans un bois où chantait la pauvre Philomèle.
Ma soeur, lui dit Progné, comment vous portez-vous ?
Voici tantôt mille ans que l’on ne vous a vue.
Progné invite alors sa soeur à venir chanter en ville devant un grand public, avançant l’idée que les bois où elle vit lui rappellent ceux où Térée l’a outragée.
« Et c’est le souvenir d’un si cruel outrage
Qui fait, reprit sa sœur, que je ne vous suis pas :
En voyant les hommes, hélas !
Il m’en souvient bien davantage. »
Sandro Botticelli (1445-1510)
On pourrait aussi méditer sur la vengeance somme toute virile de ces dames: avaient-elles besoin de mettre à mort le fils, innocent de la violence de son père, et de le lui faire manger ? la métamorphose en oiselles et oiseaux peu carnassiers est finalement un bel exemple de rédemption de l’humain par le récit, la parole bonne, et ses chants…!