« Longtemps qu’on n’a plus fait de petite visite à ce cher Robert, qu’en dis-tu, Blanche ? » (Blanche Page, une fidèle amie). « Sur quel mot on le lance ? D’après toi ?
– Mot.
– Oui, un mot je viens de le dire, mais lequel ?
-Mot ! Il faut te le chanter en quelle langue ? … Non mais te vexe pas, Ariane. Allez-y Robert, s’il vous plaît, sinon elle va bouder.
–Mot. n.m. Fin X° dans l’expression ne soner mot, ne rien dire, du latin muttum, famille de mu, onomatopée exprimant un son imperceptible émis par les lèvres à peine ouvertes.
-En gros vous êtes en train de dire que le mot mot vient de genre mmmmhh ? Vous êtes sûr ? (Il va les chercher où ses étymologies ?) (Tais-toi il va t’entendre) (Remarque ça se peut, au X° ils avaient sûrement des problèmes d’articulation, vu l’absence de dentiste tout ça) (Perso je trouve que mu ça fait penser aux mots onomatopées japonais) (Ah oui y a de ça) …
-Si je vous dérange vous le dites … OK je continue.
I)Élément du langage
1)Chacun des sons ou groupe de sons correspondant à un sens, entre lesquels se distribue le langage .
-Bien, ça : se distribue. On visualise tout de suite un plan de circulation, des échangeurs dans tous les sens …
-Ou même des labyrinthes, j’adore …
-J’ai pas fini ma définition.
-Pardon, Robert, allez-y.
2)LING. Forme libre douée de sens qui entre directement dans la production de la phrase.
(C’est marrant j’ai l’impression que ça parle de moi, que c’est ma définition en fait) (Ta définition ?) (Oui enfin la nôtre, Blanche, on est libres, douées de sens et on produit des phrases) (Ah ouais, dis-donc, maintenant que tu le dis …)
-Merde à la fin ! Vous me demandez, je réponds, alors vous écoutez ! (Qu’est-ce qu’il est susceptible, Robert) (Tais-toi)
3)INFORM. Suite finie d’unités d’information traitée ou stockée d’un seul tenant.
-Je vois pas bien, là.
-Ah on fait moins les malignes … Eh bien par exemple un octet c’est un mot de huit bits. (Tu comprends, toi ?) (Y a rien à comprendre c’est de l’intelligence artificielle).
II)Phrase, parole. Début XII°.
-En un siècle ils sont passés de l’onomatopée à la phrase. Ils allaient vite au Moyen-Âge.
-Oui mais ça complexifie grave la définition. Va dire au gamin de CP qu’un mot est une phrase, tu le paumes à tous les coups.
-1585 Parole exprimant une pensée de façon concise et frappante. Mots célèbres, historiques, mot d’auteur, mot de la fin (Tu as remarqué son fétichisme des dates) (Ouais, caractère obsessionnel, goût des précisions, des classements) (Tu me diras pour un dico, c’est normal)
–Courte lettre, billet : Avez-vous reçu mon mot ?
-Cinq sur cinq, Robert. »
Ariane Beth tient un blog depuis 2012, essentiellement consacré à des lectures-échos (souvent Montaigne, Spinoza, Freud) : leblogdarianebeth.blogspirit.com
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L’étymologie est troublante Madame Page, car comment ne pas rapprocher muttum de mutum qui veut dire muet en latin?
Un t qui soudain, rend la parole ! Faut y aller doucement avec les doses on dirait
De plus si on veut continuer à gratter Monsieur Robert qui n’est peut-être pas si chatouilleux qu’il en a l’air, la différence entre la déft I-1 qui se veut générale, et la I-2 qui se veut linguistique (donc spécialisée) ça fait un peu sodomisation de mouches, non?
Mais c’est pas moi qui jetterais la pierre aux linguistes, on prend son plaisir où on veut si les mouches sont consentantes…
Quant au reste, il est métonymie, et c’est comme ça qu’on aime le mot…
L’intrus véritable est, comme vous le pointez bien, le mot informatique, qui n’a rien de fin,car le voilà retourné, cet octet, à l’onomatopée sans référent, sans le juteux du sens, un pur outil technique pour envoyer le courant ou pas… triste destin ! heureusement qu’il y a Fragile et d’autres pour que I-3 ne prenne pas tout le temps toute la place, même si pour fragile, il en faut plein des mots électriques !
Oui mon commerce avec Robert c’est en effet, comme dit Montaigne « Tout argument m’est également fertile, je le prends sur une mouche »…
Mais oui car une mouche est aussi un monde !