LJ Crown est un groupe de beatmakers – de créateurs de sons et de rythmes- fondé par Mister Crown et son frère Yosso, et comprenant à l’origine une voix, Loreen. Fragile-revue s’entretient avec Mister Crown, le compositeur principal, de l’album que le groupe a publié en décembre 2018 sur Deezer , et qui s’intitule Uncrowned. Né à Korogwe en Tanzanie, Mister Crown est un Français de vingt-sept ans, qui travaille aujourd’hui au Canada.
P. H-Sc : Mister Crown, bonjour ! Dites-moi, le nom de votre groupe est un peu une énigme : Crown, je comprends, mais LJ ? Et, si l’on pense au titre de votre album, Uncrowned, le choix de Crown, appelle aussi un commentaire…
Mister Crown : Bonjour Pierre ! Le nom du groupe est Luther Joseph Crown. Luther parce qu’on y reconnaît le mot grec eleutheros, qui signifie libre, ainsi que le vieil allemand liut hari, qui signifie le peuple en armes, qui se défend. J’ai, bien sûr, associé ce nom à une des figures de mon enfance, Martin Luther King, le défenseur du peuple noir : je ne comprenais pas son œuvre dans tous ses aspects mais encore aujourd’hui je continue de la disséquer. Joseph, d’abord pour une raison d’histoire personnelle, ensuite, à cause du père du Christ, Joseph le charpentier, le constructeur de maisons, le personnage du Bâtisseur faisant pour moi écho au personnage du Défenseur du Peuple. Enfin, Crown est aussi une allusion à ML King, puisque un roi porte une couronne… Avec LJ Crown, j’ai donc inventé un personnage qui me permet de prendre des engagements politiques et sociaux (le black empowerment, le womanism ) tout en racontant des histoires qui me tiennent à cœur. Ainsi le titre Uncrowned dénonce allusivement la perte et la privation des droits fondamentaux infligées aux Noirs au cours de l’Histoire, et au-delà l’album s’adresse à tous les opprimés, faisant du Noir un homme universel.