on parle beaucoup dans cinq lieux distincts une librairie une tour moderne et son parc adjacent un restaurant puis à nouveau la librairie et un cinéma on parle à la Rohmer en Corée on parle art création on parle universel
la réalité de noir et blanc agence la contemporanéité de gens qui abordent le monde en SUV et soudain éprouvent le besoin de marcher
l’actrice on la voit de très loin par une petite caméra qui s’approche et zoome sur la beauté d’une chevelure noire et un corps qui marche avec allant
la libraire a arrêté d’écrire la romancière n’y arrive plus à fomenter des fictions parfaites le cinéaste a fait le choix de l’argent et du commercial pour cela n’a pas adapté le roman de la romancière c’est une histoire ancienne
la comédienne ne joue plus a renoncé c’est son choix de vie son mari est potier sauf quelques films indépendants pas plus le poète boit beaucoup pour oublier la misère il vieillit aussi et cultive cette capacité de boire et s’abstraire de
un petit monde d’artistes s’agitent dans la capitale moderne avec des masques et des histoires du passé puis
la romancière envisage le film le court-métrage ultime il peut être très réel il peut s’autoriser in fine la couleur il aborde sourire et bouquets de fleurs réels qu’offre un autre femme inconnue
alors le générique final se fait générique du film dans le film et la comédienne ressort bouleversée de la salle de visionnage elle s’est vue vivante dans le court métrage ne dit rien cut noir et sans générique le film-cadre
la possibilité de l’art est un renversement de perspective qui contre l’argent la modernité les SUV flambants le capitalisme et la mort de tous les poètes bien vivants
la possibilité du film de la romancière est le recommencement c’est un court-métrage de défi une aberration capitaliste et une poésie facultative/nécessaire une création plus vive que tous les parcs urbains et aseptisés
ça sourd des sourires rétrospectifs c’est un hasard dissociatif une récapitulation de la vie ou une féminité autorisée et toute l’inspiration sort de la vie vraie la vie vécue à son paroxysme
le film qui se crée naît d’une seule chose vue d’une image hasardeuse d’une évidence rencontrée de la capacité de l’œil à œuvrer à préserver le flash fécond
juste une femme qui marche dans un parc, entre arbres et vent
toute l’humanité a déserté la dernière image il n’y a pas de générique final à la beauté
A propos de La romancière, le film et le heureux hasard, Hong Sang-soo, 2022.