titane dans le corps, comme un garçon manqué qui donne des coups de pied contre la réalité
un accident de voiture est une opportunité pour la mort de se désinscrire des prévisions fictives
si tu dénudes ton corps de femme pour danser lascivement sur des capots de voitures de luxe il faudra alors adjoindre couleurs et musiques factices, tonitruance des matières-cinéma
la violence ne tue que les autres, l’automutilation achève le spectacle, le corps se nie entre bandages coups de poings coupe de cheveux seins et ventres rentrés
changer d’identité c’est surfer entre mort et vie
devenir le fils d’un autre après avoir été la fille d’une autre
de toute manière cela ne résout pas la question des naissances
en accouchant d’un fils chaque pseudo-femme meurt à elle-même
tandis que des pères retrouvent des fils perdus (hors flics)
dans l’aéroport de Marignane après avoir flirté avec le profil de serial killer à Martigues
après avoir
bravé le feu avec une plaque de titane dans la tête
au bal des pompiers musclés gonflés corps caverneux teinte rose orangé des décors visages mâles ralenti disqualifié d’avance
sur le toit d’un camion de pompier un androgyne en habit de pompier danse lascivement au-dessus des spectacles masculins
tandis qu’un père s’accouche entre sang noir et peau coupée et transe déconstruite
les corps tatoués métalliques scarifiés zébrés blessés troués
les corps d’os et de titane
la mort est une
naissance passagère
à moins que ce ne soit l’inverse
quand tu frappes ton corps tu te meurs en spectacle
tu te fais femme-pompier dans le feu et la danse
tu t’injectes le métal et la transe
tu corporifies la folie
tu deales avec la souffrance et visionne l’androgyne
dans la brutalité-matière et le corps-cinéma
(monde artificiel décor surfait lumières plombantes)
un massage cardiaque devient macarena
sarabande profonde à la Kubrick
la danse se fait lutte (glissement inoffensif larvé)
sur fond de musique presque classique à la Scorsese
passion selon Saint Matthieu pour accoucher dans la douleur
sacrer le transgenre
à la Pasolini sacrer le cinéma et mourir
si le père adoptif se proclame dieu quel est ce Jésus apocryphe
cette chair métallique cette voiture charnelle
cinéma hybride art violent
sur l’affiche sur fond bleu visage rouge titre jaune
exit tout naturalisme
(cinéma transhumaniste électronique immortel)
écriture bionique ou trans, utilisation
apocalyptique des vivants ultimes
écriture transformée des désastres
dans l’amour et la haine la plaque métallique
inscrite sur le crâne tâche de s’extraire
de la vison programmée des gestes violents
et aborde les tendresses sacrilèges
une femme s’efforce d’être homme elle absorbe la masculinité et projette
la grâce
elle fait l’amour avec les voitures puis
s’absorbe sur la matière métallique
avant d’accoucher de monstres
elle danse dans un monde trash qui a
désacralisé le vivant pour
s’accoupler avec des drones purs
alors la science-fiction
devient l’inconscience du siècle sauvage
et les machines nous extraient de nos chairs les machines
sont la forme hybride d’une humanité bisexuelle d’une
catastrophe charnelle d’une inadéquation plastique
enceinte de notre hubris parcellaire
– la femme mute casse son nez saigne
et accouche
d’une mort orchestrée/non-humaine
titanesque transhumanisme totalitaire
palpité parcellaire
montage/démontage télescopé de la dernière
humanité vivable
métallique
A propos de Titane, Julia Ducournau, Palme d’or 2021