Le roi René, premier choix du label LP3-45
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Revenons sur la sortie, en décembre dernier d’un nouveau label jazz de grande qualité artistique, en format vinyl et digital uniquement, LP3-45 Records, fruit de l’association de Peter Schuur, entrepreneur passionné de jazz et de trois musiciens, le saxophoniste Luigi Grasso et de deux pianistes Yaron Herman et Laurent Courthaliac. En ces temps plus que perturbés pour le spectacle et la culture, célébrons pareille initiative comme la création d’un label de taille humaine, conçu et réalisé avec talent.
Chaque album de trois titres, enregistré au Barloyd’s à Paris, chez le pianiste Laurent Courthaliac, près de République, est conçu, selon le principe “Less is more”, et sélectionne les trois meilleures prises de chaque session.
Le choix de ce label exigeant est de ne pas proposer de musique en streaming. Et si comme moi, vous préférez les belles cires, n’hésitez pas à vous procurer le vinyle (Son audiophile, 180 g, exemplaire numéroté et millésimé) sur diggersfactory.com. La classe!
Sinon, le label sera disponible sur Apple Music pour les achats en digital.
René Urtreger?
Vous le connaissez sûrement…
Né en juillet 1934, le pianiste René Urtreger a une carrière exceptionnelle d’une belle longévité qui, pour le grand public, démarre avec la B.O de Miles en quintet : René Urtreger (p), Barney Wilen(ts), Pierre Michelot (cb), Kenny Clark (dms) dans le film de Louis Malle (un vrai amateur de jazz) Ascenseur pour l’échafaud, sorti en janvier 1958. On sait que Miles a improvisé avec ses musiciens en une nuit, en visionnant les images du film. Une audace qui va donner au film une qualité singulièrement originale, très Nouvelle Vague, la musique accompagnant la traversée de Paris nocturne de Florence (Jeanne Moreau).
Mais René Urtreger a commencé très tôt une carrière de concerts et d’enregistrements de disques en leader: René Urtreger joue Bud Powell en trio avec Benoît Quersin à la contrebasse et Jean-Louis Viale à la batterie en 1955.
En 1956, avec Pierre Michelot à la contrebasse et Christian Garros à la batterie, il participe aux tournées européennes de Lester Young et Miles Davis. En 1960, naît un autre trio, le fameux HUM, toujours avec Pierre Michelot et le batteur Daniel Humair. Urtreger suivit ensuite la mode, fit beaucoup de studio, s’aventura dans la variété avec les yéyés, accompagna Claude François, travailla avec Serge Gainsbourg, ou Sacha Distel. Il connut aussi sa traversée du désert. Une vie compliquée, tourmentée, comme celle de beaucoup de jazzmen. Il revint sur scène et dans les bacs à la fin des années soixante-dix…Il jouait ces dernières années en sextet ou septet (Henri Texier, Simon Goubert, Stéphane Guillaume, Airelle Besson, Pierrick Pedron, Géraldine Laurent, Eric Le Lann) célébrant par exemple, sur la scène du Châtelet les soixante ans de l’Académie du Jazz, en février 2016.
Le choix du label pour sa première édition m’a convaincue qu’il était temps de revenir sur ce musicien. D’autant que les trois titres sélectionnés, “Saint Eustache”, “Paloma”,“Valsajane”, sont issus d’un piano solo Onirica, sorti sur le défunt label Sketch de Philippe Ghielmetti en 2001. Un album que je tiens au chaud dans ma discographie. J’y reviendrai… dans la rubrique Portraits.
Merci Sophie de nous faire connaître ces musiciens que je n’entendrzis jamais sauf d’écouter France musique tous les soirs.
Tu as raison Jacqueline, le meilleur conseil que l’on puisse donner est d’écouter la radio et France Musiques qui diffuse environ 2h de jazz par jour et ce n’est pas mal.
La Playlist France Inter est tournée résolument vers la variété de qualité et la chanson, la pop… France Culture semble ne pas faire cas de la musique : habillage musical selon les invités de certaines émissions, plus en design sonore qu’ autre chose
Je trouve quant à moi dommage qu’ils ne donnent même pas un échantillon de leurs propositions en ligne. Un côté un peu entre soi qui n’aide pas ceux qui comme moi ne connaissent « sûrement » pas René Urtreger.
La mention de la BO de Miles Davis donne une petite idée mais on attend donc d’en savoir plus dans de prochaines chroniques, car Ascenseur, c’était il y a longtemps !