Grand amateur de littérature américaine, je voyage à loisir depuis des années sur ce vaste continent, changeant d’état au gré de mes envies, en suivant l’encre d’auteurs dont certains ont été de sublimes cinéastes d’une Amérique aux multiples facettes.

Il y a bien sûr, les très bons, les copistes (sans grand intérêt) et quelques mauvais auteurs qui arrivent néanmoins à se glisser dans la mêlée et à se faire publier.

C’est la même histoire partout, et comme partout, on tombe parfois sur une pépite.

C’est comme ça que j’ai rencontré David Joy, né en 1983 à Charlotte, en Caroline du Nord. Titulaire d’une licence d’anglais obtenue avec mention à la Western Carolina University, il y poursuit naturellement ses études avec un master spécialisé dans les métiers de l’écrit. Il a pour professeur Ron Rash, qui l’accompagnera et l’encouragera dans son parcours d’écrivain. Après quelques années d’enseignement, David Joy reçoit une bourse d’artiste du Conseil des arts de la Caroline du Nord. Son premier roman, Là où les lumières se perdent, remporte un franc succès et est finaliste du prix Edgar du meilleur premier roman en 2016.

Voilà pour le pédigrée du bonhomme.

Mais bon, je ne vais pas vous parler de son premier roman, Là où les lumières se perdent, une bombe littéraire, mais de son second opus, Le poids du monde, tout aussi talentueux.

David Joy écrit des romans noirs, à ne pas mettre dans le même panier que le roman policier où l’on suit l’enquête dans les pas d’un flic, ni du thriller qui suit la victime.

Dans le roman noir, on suit l’assassin, ou les assassins, les malfrats et autres rebuts de la société.

Le poids du monde (éditions 10/18) relate l’histoire de deux amis d’enfance, frères de cœur, deux paumés qui vivent au cœur des Appalaches, dans un mobile home pourri, en quête de petites magouilles pour survivre quand le chômage se pointe et les laisse sur le carreau. Deux toxicos, pour qui la drogue qui inonde la région comme une mauvaise crue est la seule planche de salut pour évacuer le mal moral qui les ronge.

Tout cela ne donne pas très envie, et pourtant, ce roman n’a rien de plombant. David Joy a une écriture coup de poing, un match de boxe qui se déroule de la première à la dernière ligne, un combat en dehors des règles où les coups bas ne sont pas en reste. Mais dans cet univers qui pue la décrépitude, il y a une chose précieuse. Enfin non, deux choses précieuses. L’amour et l’empathie.

Ses personnages sont tellement humains, tellement beaux dans leur déchéance et dans leur volonté de s’en sortir, qu’on les aime, aussi minables soient-ils.

Le jour n’existe pas sans la nuit, et la nuit n’existe pas sans le jour. Donc, un conseil, branchez la lampe de chevet, tamisez encore l’abat-jour avec un torchon de cuisine ou un tee-shirt qui traîne, et ouvrez ce livre.

Suspens assuré.

Si vous l’aimez, bien sûr, jetez-vous sur Là où les lumières se perdent en 10/18, et le petit dernier à paraître chez Sonatine le 20 mai, Ce lien entre nous, que j’attends avec impatience.

Bien à vous,

(Photo de Pierre Blaché provenant de Pexels)

Un Commentaire

  • Laure-Anne Fillias-Bensussan dit :

    Un roman noir qui ne plombe pas? Et qui fait leur place à l’empathie et l’amour? Ce devrait être une pépite en effet ! A découvrir à la réouverture des librairies…

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