c'est là qu'on se voit humain très ancien fabricant de baratin mythique (de beau baratin parce que ce qu'on voit c'est beau et ça fait peur quand le beau est énorme et c'est encore plus beau) qui se raconte des montagnes dans le ciel au-dessus des montagnes des montagnes grises de nuages qui sont des dieux qui froncent les sourcils tellement gros et gris ces nuages ces montagnes à l'envers là-haut il n'y a personne mais cette beauté c'est presque quelqu'un c'est gris mais ça brille jaune par dedans on croit savoir que c'est le soleil mais notre humain d'avant le déluge en nous se dit c'est le feu des dieux et il n'a pas tort parce que dans pas longtemps les nuages vont cracher du feu des crachats super chic des crachats spectacles des crachats d'immortels des trous de feu dans la montagne d'étoffes lourdes et le rugissement d'un vieux brontosaure qui nous en prévient un de ces dragons d'avant montures immenses de l'orage va transformer en mer la ligne d'horizon pour prévenir Noé mais c'est tellement beau ces tentures gonflées épaisses de toutes sortes de gris de violets d'indigos étoffes impériales mais la touffeur ne vient pas d'elles c'est des nerfs du grand horloger Zeus ou de ses pairs qui s'ionisent bien avant l'eau ça sent l'électricité à plein nez capturée par toutes nos antennes sous la peau et on attend le grand cinéma cosy derrière la fenêtre cet everest de nuages montés tête en bas sur les collines soudain si loin si petites ça prépare le grand badaboum ça crève tellement les yeux de beauté : les enfants vous voyez l'Olympe ce n'est pas tout à fait du pipeau et voilà les dieux qui ouvrent leur cage de Faraday déchaînés c'est eux on n'y est pour rien en gros même si on a aussi déchaîné le climat ça n'aide pas à vouloir tous c'est humain être cosy pendant l'orage on se bat les flancs mais quoi les voilà noient les collines noient les toits petites fourmis pas fières apeurées par la beauté pas fières des vilains péchés contre les dieux et les petits camarades grr sales gosses et pan toutes les petites vilaines choses modem télé ordi tout pété parfois les grosses pour le même prix oui aïe des ponts des routes des villages aïe des animaux brûlés popoï des humains morts des enfants aussi innocents popoïpopopoï des mauvaises gens aussi mais quelle différence à la fin ? et le beau tourne au laid aigre Prométhée au secours ! - J'ai déjà tellement essayé il répond et ils n'ont pas fini de m'engueuler alors
Photo/Courtesy Geoffrey Taylor
… alors j’ai lu et relu « ce baratin mythique »
Barati baratin sur fond d’orages plus ou moins désirés
Mais je dois l’avouer loin des Prométhées enchaînés
Et des grands « badaboums des crachats d’immortels »
C’était lecture faite dans ma zone de confort
Un thé yelong associé au ginseng blanc
Racine de longue vie Une musique de Francœur
(première et deuxième gavottes)
Depuis ma fenêtre j’apercevais bien des nuages
Mais des gentils « les merveilleux nuages » poussés
Par L’étranger baudelairien
Et la mer là-bas là-bas à l’unisson
Ajoutait ses camaïeux
Alors j’ai voulu quand même ajouter
Cette note instantanée
Comme tombée d’un ciel
Somme toute serein
(en espérant dans l’atmosphère présente
Lourde de menaces de ne pas me faire engueuler)
Oui plaisir cosy d’être au spectacle d’un grandiose son et lumière, à l’abri de murs dont on sait pourtant la fragilité. J’y ajoute celui d’être en voiture sous l’orage, en bénissant le nom de Monsieur Faraday. Et encore de compter les secondes entre l’éclair et le tonnerre, pour estimer la distance de l’impact de foudre … Plaisirs goûtés sans mélange dans l’enfance insouciante, mais qui aujourd’hui, sont assombris par la compassion éprouvée pour « les humains morts et les enfants innocents ». Assombris aussi, il faut bien l’avouer, par un fond d’angoisse devant non seulement l’inondation, mais aussi le feu, le tremblement de terre …
Et tout cela m’amène à mon hébétude devant la connerie des hommes (oui plutôt les hommes que les femmes) qui inventent plein de jeux de guéguerre pour tuer un maximum d’humains, comme s’il fallait en rajouter. Au lieu de se serrer les coudes, de se protéger entre nous, en tant qu’espèce menacée sur une planète délitée …
Merci, Ariane de ce rebond, oui c’est bien de cela qu’il s’agit, comme si la nature n’était pas déjà à ses heures, et sans besoin d’être chatouillée, une effrayante marâtre!
Point d’engueulade, monsieur, votre réponse est un agréable contrepoint aux angoisses prométhéennes, il faut bien une fugue pour quitter les préludes méditatifs! Merci!
Les dieux badaboums froncent leurs sourcils ils les ont à l’envers et nous le font savoir au moment où leurs yeux crèvent de beauté.Les nuages deviennent montagnes à moins que ce ne soit l’inverse. Que faut il faire quand le beau laid a tourné?
On est saisi après l’orage!