je ne me rappelle plus
le début de l’étreinte
était-ce une liaison
qui nous parchemina
était-ce l’étrangleur
à lui seul attaché
les lianes du figuier à force
sur cette poitrine comprimée
ont tressé des rosaces
les oiseaux y ont déposé
des graines meurtrières
promises à la croissance
les branches elles ont ramassé
ce qu’il me restait de corps
pour y signer des nœuds
y déceler des sentes
puis l’arbre a enserré mes bras
dans un geste de maternité
tendre et mauvais
j’ai laissé une ceinture de racines
embrasser mon corps
sans résistance aucune
évanouie sous la pression
semblable à ces humeurs du vent
dont je perçois les subtilités
à présent
mon sang s’est alenti
dans le gosier de l’étrangleur
le long du buste un réseau
de veines s’est ajouté au mien
un muscle noueux à ma chair
une chamade à ma poitrine enclose
comme l’étreinte est longue
et lente la venue de la pluie
ô règne végétal
je me donne
peut-être dix ou quinze ans encore
avant de m’oublier tout à fait
sous la poussée de l’étrangleur
ensommeillée
.
.
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