je ne me rappelle plus
le début de l’étreinte
était-ce une liaison
qui nous parchemina
était-ce l’étrangleur
à lui seul attaché

les lianes du figuier à force
sur cette poitrine comprimée
ont tressé des rosaces
les oiseaux y ont déposé
des graines meurtrières
promises à la croissance

les branches elles ont ramassé
ce qu’il me restait de corps
pour y signer des nœuds
y déceler des sentes
puis l’arbre a enserré mes bras
dans un geste de maternité
tendre et mauvais

j’ai laissé une ceinture de racines
embrasser mon corps
sans résistance aucune
évanouie sous la pression
semblable à ces humeurs du vent
dont je perçois les subtilités
à présent

mon sang s’est alenti
dans le gosier de l’étrangleur
le long du buste un réseau
de veines s’est ajouté au mien
un muscle noueux à ma chair
une chamade à ma poitrine enclose

comme l’étreinte est longue
et lente la venue de la pluie
ô règne végétal

je me donne
peut-être dix ou quinze ans encore
avant de m’oublier tout à fait
sous la poussée de l’étrangleur
ensommeillée

.

.

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Estelle Coppolani

Estelle Coppolani

Estelle Coppolani écrit des poèmes, des nouvelles et des proses libres. Son imagination oscille entre les rivages de son île natale (La Réunion), les mornes de ses terres de songe ou d’adoption et un tropisme fripon vers Lesbos. En parallèle de l'écriture, elle mène une thèse de doctorat sur les poésies de la Caraïbe et de l'océan Indien et un projet de court-métrage documentaire avec le soutien de la Fondation pour la mémoire de l’esclavage.

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