Art d’écrire. J’ai écrit des centaines de poèmes, presque sans ratures.
J’en ai gardé quelques-uns, j’ai brûlé les autres. Et voilà tout mon pauvre métier.

Pierre Reverdy
Le livre de mon bord

.

J’écris sans ratures
la Plupart du temps
-ce titre blason de Pierre Reverdy-
dans le calme des nuits

Autant de pierres blanches
Que j’échange en chemin
Avec je-ne-sais-qui
Qui lit je-ne-sais-quoi

Seul.e.s quelques ami.e.s
parfois
Me rendent la monnaie
de la pièce

Voilà une à une
ces lignes qui
à peine le temps d’y penser
sont au cœur
de mon petit métier

.

MON PETIT MÉTIER
Sous ce titre Encres Vives (collection Encres Blanches) m’a publié 14 poèmes en 2019
Ces 5 poèmes ont été « revisités » pour Fragile revue de création.

Jean Jacques Dorio
Martigues 24/10/2021

Jean-Jacques Dorio

Jean-Jacques Dorio

DORIO Jean Jacques/ 1945/ Ariège/ marié 4 août 1979/ veuf 2014/ Professeur de collège/ 1966-2005/ Coopérant à Caracas (Venezuela) 1968-1970/ Vit depuis 1978 aux Martigues/ Livres de poèmes : Secret des marges : Rafael de Surtis (2011)/ JeT’Rêve : Rafael de Surtis (2011)/ Itinéraires : P.J. Oswald (1975) Recueils de poésie chez Encres Vives/ Livres d’Artiste / CD de Chansons (paroles, musiques, interprétations JJ Dorio). Blog de poésie : un poème pour chaque jour depuis le 08/01/2006, poésie mode d’emploi wordpress.com/view/poesiemodedemploi.home.blog

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    6 Commentaires

    • Laure-Anne dit :

      Comme on l’aime, ce petit métier, à proportion de son humilité persévérante, que l’on soit de la sorte qui rature et gratte le même carré de radis sur plusieurs années, ou de celle des braves inspirés des premiers jets qui regardent tout de suite vers le labour suivant…
      Petit métier sans gloire mais qui fait aller la vie, en partage parfois, le sel le sang et l’encre bleue sous la peau du poignet. Pour que jamais la mort n’ait le dernier mot.
      Alors on continue, et comment ! Avec ou sans ratures… Et on dit merci aux collègues…

    • Sophie Chambon dit :

      J’admire votre entreprise, votre artisanat du poème quotidien…
      Seul le titre emprunté à Reverdy ou inconsciemment sans doute à Boileau…me chiffonne un peu.
      Ecrire est un métier sans doute, ingrat souvent, nécessaire pour en vivre (« publish or perish » dit-on). Le fait d’en faire commerce, comme tout métier ou travail quotidien, me déplairait presque.
      Je m’amuse et ne polémique aucunement, mais ne tiens pas justement à vous rendre la monnaie ou vous retourner la pièce. Vous répondre dans l’urgence de l’ improvisation pour continuer l’échange, espérant divertir, militant pour un loisir éclairé, librement consenti.

    • Dorio dit :

      Grand merci Laure-Anne et Sophie, pour vos prolongements, vos manières personnelles et attachantes, de faire grandir ce texte d’ouverture. Je vous livre à la suite la lecture de Pauline, ma fille, qui, il est vrai avait les 14 poèmes sous les yeux, et au-delà la connaissance intime de la part secrète de ces écrits qui permettent, au-delà d' »exercices de style », quand tout se dérobe, de persister.

      ****

      Dans « Le livre de mon bord » Pierre Reverdy résume ainsi son « art d’écrire » :

      « J’ai écrit des centaines de poèmes, presque sans ratures.
      J’en ai gardé quelques-uns, j’ai brûlé les autres.
      Et voilà tout mon pauvre métier. »

      Ce modeste constat met en question le mythe de l’inspiration et représente le poète en artisan du vers ne possédant sur les néophytes que l’avantage que sa pratique quotidienne lui confère. Dans le contexte du XXIe siècle, où l’audience de la poésie est de plus en plus réduite, alors même que les possibilités offertes par la Toile multiplient le nombre de ceux qui choisissent cette voie pour s’exprimer, le poète semble voué à cette posture d’humilité. Ainsi Jean Jacques Dorio, se plaçant dans le sillage de Reverdy, à la source duquel s’abreuve son recueil, s’attribue-t-il pour tout privilège l’expérience d’une vie passée à écrire, écrire « sans y penser », écrire « tard dans la nuit », écrire sur une « carte rouge », écrire « sans ratures » mais en froissant les feuillets, écrire pour préserver les « instants disparus », écrire enfin pour « persister », quand le réel n’est plus que lettre morte. Livrant sa « micro-histoire » à l’oreille amie du lecteur, Jean Jacques Dorio offre des éclats poétiques que nous sommes invités à recomposer, avec la même patience que celle qu’il consacre nuit après nuit à son « petit métier ». En définitive, c’est dans l’obstiné mouvement de boustrophédon du poète semeur de vers que se cache le secret des « bricollages » d’écriture dont Jean Jacques Dorio nous fait si généreusement faire l’essai.

      Pauline Dorio

    • Dorio dit :

      Pour Sophie, dans l’échange de nos monnaies fiduciaires,

      Reverdy écrivit « mon pauvre métier ».
      Le petit métier évoque plutôt les pêcheurs de Martigues ou du petit port de Carro, une pêche quotidienne avec des petits bateaux (Maman les p’tits bateaux…) qui préservent par ce mode la ressource naturelle.

    • bellatorre dit :

      Avec cette ouverture, on trouve un métier qui « rentre » alors que, disait-on, il servait à tisser les textiles. Le petit métier de jean jacques Dorio sert, lui, plutôt à tisser humblement des textes poétiques pour notre plaisir. On attend les cinq poèmes…
      André B.

    • Ton petit métier
      part à l’aventure
      sur les sentiers
      de l’écriture.

      Les pierres que tu sèmes
      comme celles du Petit Poucet
      éclairent notre forêt
      en rayons de poèmes.

      Quelques lignes sur la page blanche
      et voilà un je ne sais quoi
      que l’on prend pour soi
      sans qu’on y pense.

      Le petit métier
      se prend à tisser
      l’étoffe de tes nuits
      avec « le je ne sais qui te lis « .

      Celui qui te rend la pareille,
      répond par quelques signes
      sur son fil de soleil
      pour s’entremêler à tes lignes…

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